Les COP sont-elles encore utiles ? Année après année, la question revient en boucle, tant ces grands-messes climatiques sont accusées de perpétuer l’inaction, tout en servant d’opération de « greenwashing » au pays hôte. La 29e conférence des Nations unies sur le climat (COP29) n’a pas échappé aux critiques. Elle s’est achevée, samedi 23 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, sur un accord loin de l’urgence climatique alors que l’année 2024 se classera comme la plus chaude jamais enregistrée.
« Le processus produit un résultat où tout le monde est mécontent », remarque Tosi Mpanu-Mpanu, négociateur climat de la République démocratique du Congo depuis quinze ans. Il dénonce un côté « schizophrénique » des conférences climat, lors desquelles les négociateurs, épuisés, finissent par accepter, après une ou deux journées de prolongation des pourparlers, une décision présentée comme à prendre ou à laisser. « On se lie les mains et, dès le début de l’année suivante, on s’attelle à tout détricoter. »
La logique a été poussée à son paroxysme cette année. La présidence a attendu le jour de la clôture officielle, après deux semaines de négociation, pour mettre sur la table un objectif chiffré d’aide financière aux pays en développement, pièce maîtresse de la conférence. L’accord, obtenu à l’arraché, s’est vu aussitôt contesté par une partie du Sud, dont l’Inde, Cuba, la Bolivie ou le Nigeria. De quoi renforcer les appels aux boycotts des COP, qui se sont multipliés depuis quelque temps. A Bakou, la Papouasie Nouvelle-Guinée a assumé la politique de la chaise vide, une première pour un pays.
Une majorité d’Etats et d’observateurs plaident néanmoins pour la participation à ces conférences, aussi imparfaites soient-elles. Au-delà de maintenir le multilatéralisme et le climat en haut de l’agenda politique, « les COP sont le seul endroit où tous les Etats peuvent se regarder chaque année dans le miroir pour se demander s’ils en font assez », rappelle Alden Meyer, expert au cercle de réflexion E3G, qui suit le processus depuis son début en 1992.
Processus diplomatique opaque
Les COP sont également la seule enceinte qui donne une voix à tous les pays, notamment les plus vulnérables, contrairement à d’autres espaces réservés aux grandes puissances, comme le G20. « Il ne faut toutefois pas trop en attendre car elles ne reflètent que les décisions nationales, prévient Alden Meyer. Et le processus onusien sur le climat ne peut forcer un pays à faire quelque chose qu’il ne veut pas ou le sanctionner s’il ne tient pas ses objectifs. »
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