Donald Trump a choisi jeudi comme ministre de la Justice la juriste Pam Bondi, qui a assuré sa défense en 2020, après le retrait du clivant Matt Gaetz, premier écueil dans une campagne menée tambour battant pour placer ses fidèles.
De la série de nominations fracassantes annoncées par le président élu américain pour sa future administration, celle de Matt Gaetz, apparaissait comme l’une des plus controversées.
Cet élu républicain de Floride (sud-est), sans expérience juridique et à la personnalité abrasive était notamment accusé d’avoir eu une relation sexuelle avec une mineure.
Donald Trump a rapidement entériné son retrait, lui promettant un « bel avenir ». Signe qu’il n’entend pas laisser cette déconvenue enrayer la dynamique de sa marche vers le pouvoir, il a dévoilé en début de soirée son nouveau choix pour ce poste clé.
« J’ai l’honneur d’annoncer que l’ex-procureure générale de Floride, Pam Bondi, sera notre prochaine ministre de la Justice », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.
« Depuis trop longtemps, le ministère de la Justice est instrumentalisé contre moi et d’autres républicains. Plus maintenant », a-t-il ajouté.
Avec une carrière de procureure de plus de 20 ans en Floride, Pam Bondi prête moins le flanc que Matt Gaetz au reproche de manque d’expérience. Elle a aussi fait partie de l’équipe d’avocats de Donald Trump lors de son procès en destitution au Sénat en 2020.
Si ce choix est avalisé par le Sénat l’année prochaine, elle retrouvera sous ses ordres au ministère de la Justice trois avocats personnels de Donald Trump, nommés à des postes stratégiques.
La liste des nominations du président élu comprend aussi, pour le ministère de la Défense, l’ex-militaire et présentateur de télévision conservateur Pete Hegseth, qui a payé une femme pour abandonner une accusation d’agression sexuelle et arbore des tatouages évoquant les Croisades.
Ou encore à la Santé le vaccinosceptique Robert F. Kennedy Jr., neveu du président démocrate assassiné, et aux commandes d’une « commission à l’efficacité gouvernementale » le milliardaire Elon Musk, accusé de propager la désinformation sur son réseau X.
– « Pas de temps à perdre » –
« La confirmation de ma nomination était injustement en train de devenir une diversion par rapport à la tâche cruciale de l’équipe de transition Trump/Vance », avait déclaré Matt Gaetz jeudi matin sur X, au lendemain d’une rencontre avec des sénateurs.
« Il n’y a pas de temps à perdre dans une bagarre inutilement prolongée à Washington, c’est pourquoi je vais me retirer du processus de nomination comme ministre de la Justice », avait-il ajouté.
« Il est temps pour Donald Trump de proposer un candidat sérieux pour le poste de ministre de la Justice », avait réagi dans la foulée le président démocrate de la commission judiciaire du Sénat, Dick Durbin.
Visé par une enquête de la Chambre des représentants notamment pour infractions sexuelles présumées, Matt Gaetz, peu apprécié au Congrès, avait démissionné de cette assemblée le 13 novembre, peu après l’annonce de sa nomination par Donald Trump.
Sa démission avait mis de facto un terme à l’enquête de la commission d’éthique de la Chambre portant sur des relations sexuelles tarifées, y compris avec une mineure, ce qu’il dément, consommation illégale de stupéfiants, détournement de fonds de campagne et diverses fautes professionnelles.
Des dirigeants républicains, dont le président de cette assemblée, Mike Johnson, affirmaient que le rapport de la commission n’avait plus de raison d’être. Mais des élus des deux bords appelaient à ce qu’il soit au moins transmis au Sénat.
L’enquête de la commission d’éthique lancée en 2021 et interrompue le temps des investigations judiciaires porte en particulier sur des accusations de comportement sexuel inapproprié — la prostitution étant notamment illégale en Floride — et de consommation de stupéfiants.
Matt Gaetz est accusé d’avoir eu une relation sexuelle avec une jeune fille de 17 ans, ce qu’il dément, et a été visé par une enquête fédérale qui a été classée sans suite en 2023.
Avant même l’éventuelle publication du rapport ou sa communication au Sénat, les fuites sur les témoignages et les documents recueillis par cette commission se multipliaient depuis plusieurs jours dans les médias.
sst/cha