Un homme soupçonné d’être celui qui a tué à Grenoble, en septembre, Lilian Dejean, un agent municipal, a été arrêté jeudi 21 novembre au Portugal, et des vérifications sont en cours pour s’assurer de son identité, a annoncé le procureur de la ville alpine, Eric Vaillant. « Un homme susceptible d’être Abdoul D. », soupçonné du meurtre de M. Dejean, « vient d’être arrêté au Portugal en vertu du mandat d’arrêt européen » délivré après le drame, a déclaré à la presse le procureur de la République de Grenoble.
« C’est la fin d’un cauchemar et le début d’un long chemin judiciaire », a réagi auprès de l’Agence France-Presse l’avocat Romain Ruiz, qui représente la famille de Lilian Dejean. Depuis le 8 septembre, les proches de Lilian Dejean ont « connu des moments de doute, d’abattement, a précisé leur avocat. Mais ils n’ont jamais imaginé qu’on ne l’arrête pas [et] n’ont jmais mis en cause le travail de la justice et de la police ».
« Aujourd’hui, ils sont soulagés, car ils ont une perspective d’obtenir des explications », a poursuivi Me Ruiz. C’est « grâce aux investigations menées par les policiers français » des divisions de la criminalité organisée et spécialisée de Lyon et Grenoble, et « grâce à la coopération policière et judiciaire européenne », que le suspect a pu être interpellé, d’après M. Vaillant.
Lilian Dejean, père de famille âgé de 49 ans, avait été atteint d’une balle au thorax tôt le 8 septembre, alors qu’il tentait d’empêcher un homme ayant causé un accident au volant d’une puissante voiture de location immatriculée en Pologne de fuir. L’employé municipal est mort peu après à l’hôpital. L’événement avait suscité une immense émotion parmi ses collègues et les habitants. La conductrice du véhicule percuté par le suspect lors de l’accident, une femme âgée, avait été légèrement blessée.
Six morts par balle à Grenoble depuis le début de l’année
Quant au meurtrier présumé, âgé de 25 ans et dont une pièce d’identité avait été retrouvée dans la voiture accidentée qu’il avait abandonnée sur place, il est recherché depuis. La police a mené plusieurs perquisitions, notamment là où il était domicilié, à Saint-Martin-d’Hères (Isère), dans la banlieue de Grenoble. Une information judiciaire a été ouverte pour « meurtre sur une personne chargée d’une mission de service public », « blessure involontaire » « aggravée par la vitesse et le délit de fuite », et « détention d’armes de catégorie B », selon M. Vaillant.
Le suspect est connu de la justice notamment pour « vols, violences et trafic de stupéfiants », et pour avoir roué de coups, avec cinq codétenus, un autre prisonnier à la maison d’arrêt de Varces (Isère) en juin 2023. Jugé en août 2023 pour ces violences, il avait écopé d’une peine de quatre mois de prison assortie d’une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans. Une semaine après son retour en prison, il était impliqué dans de nouvelles violences pour lesquelles il devait être jugé le 3 octobre.
Depuis le début de l’année, la métropole de Grenoble connaît un regain de tension, les autorités judiciaires n’hésitant plus à parler de « guerre des gangs ». Le procureur y a dénombré à la fin d’octobre une cinquantaine de tirs par arme à feu liés au trafic de drogue depuis le début de 2024, et qui ont fait six morts.