Il est réapparu après avoir été avalé par le temps sous des cloisons temporaires : Espace zéro, immense surface de carrelage blanc, rehaussée de joints noirs, signée de Jean-Pierre Raynaud, accueille de nouveau les visiteurs du MAMC+ de Saint-Etienne Métropole après dix-neuf mois de travaux. L’immaculé bas-relief, antichambre de la plongée dans les collections, reprend ainsi sa place originelle dans le hall de ce Musée d’art moderne et contemporain ouvert en 1987 et signé Didier Guichard, avec lequel le quadrillage de grandes plaques de céramique noire de la façade offre un parfait contraste.
Les travaux, les premiers de fond en comble depuis près de quarante ans, redonnent à l’intérieur du bâtiment un éclat qui va de pair avec une approche plus écologique : fini le sol fragile en résine, aux éternelles retouches et qui contenait de l’amiante ; vive l’élégant terrazzo, plus durable, la conception de cimaises techniques dissimulant tous les réseaux et l’installation d’une climatisation moins énergivore. Avec, au passage, une désobstruction des fenêtres zénithales et le retour de la lumière naturelle.
Emanation d’un Musée d’art et d’industrie de la ville devenu trop petit, le MAMC+ avait récupéré, à sa création, une collection beaux-arts du XVIe au XIXe siècle, et poursuivi la collection moderne initiée en son sein, avec une ambitieuse politique internationale d’acquisition d’œuvres contemporaines menée par Bernard Ceysson, qui avait pris la direction du Musée d’art et d’industrie en 1967, et conduit le projet du nouveau musée.
Formats monumentaux
En 1987, quelque 2 300 œuvres font le déménagement dans la nouvelle entité ; aujourd’hui, les collections comptent 23 000 œuvres. Avec cet accroissement exponentiel, c’est au tour du MAMC+ d’être à l’étroit dans ses 3 000 mètres carrés d’exposition, mais aussi dans ses réserves, réparties sur trois sites : l’arrière du musée, qui rassemble les 3 000 peintures de la collection ; un site en centre-ville, et un autre à 10 kilomètres, où se répartit le reste de la riche collection de photographies, de sculptures et d’installations, ou encore d’objets de design.
A l’heure où le changement de climatisation du bâtiment doit aussi être effectué dans la réserve, qui a dû être vidée, la directrice du musée, Aurélie Voltz, a choisi de faire d’une contrainte un parti pris : les collections sont à l’honneur à travers deux parcours passionnants, « Hors format » et « Brand New ! ». Le premier déploie une sélection de près de 70 chefs-d’œuvre de grande taille du musée, ainsi que ses pièces les plus fragiles et anciennes, dont une partie est stockée dans un nouvel espace de restauration des œuvres au sein de l’accrochage, qui permet aux visiteurs de voir les coulisses du musée.
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