Une année de « décisions stratégiques » s’ouvre pour l’industriel allemand Thyssenkrupp lesté par une nouvelle perte annuelle et qui travaille sur la restructuration de ses activités, notamment la branche acier en quête de financements, a indiqué mardi sa direction.
De nombreuses incertitudes demeurent sur le futur modèle de ce conglomérat en pleine transformation, où les syndicats craignent des milliers de suppressions d’emplois.
Sur son exercice décalé 2023/2024, le groupe emblématique de la région de la Ruhr (ouest) a été plombé par « une demande nettement plus faible » dans l’industrie automobile, l’ingénierie et la construction, conduisant à une perte de 1,5 milliard d’euros, après 2,1 milliards l’année précédente.
Thyssenkrupp Steel, premier sidérurgiste d’Allemagne, concentre les déboires du groupe: son chiffre d’affaires a fondu de 18%, à 10,7 milliards d’euros, pénalisé par la concurrence en provenance de Chine et la hausse des coûts de l’énergie.
Le fabricant d’acier doit dans le même temps financer sa coûteuse décarbonation, un projet à 3 milliards d’euros mais la facture finale pourrait être plus élevée.
De ces chantiers dépendront l’avenir des 98.000 employés du groupe, dont 27.000 dans la sidérurgie.
« Nous voulons réussir la réorganisation de l’acier si possible sans licenciements économiques », a répété mardi le PDG Miguel Lopez, lors de la conférence annuelle de résultats au siège du groupe à Essen.
– Participation étatique –
Il a aussi jugé « logique » de discuter avec Berlin d’une participation publique dans la division acier, une option privilégiée par les syndicats et les élus locaux. Mais la priorité reste « l’autonomisation » de cette branche, même si plusieurs tentatives de cession ont échoué dans le passé, a souligné M. Lopez.
En avril, l’entrée au capital du milliardaire Daniel Kretinsky à hauteur de 20%, via sa holding EPCG, a été accueillie avec colère par les syndicats.
Le PDG a loué mardi des « discussions constructives » avec le magnat tchèque en vue d’une acquisition de 50% des parts et la création d’une coentreprise.
Une grave crise de gouvernance a aussi secoué la division à la fin de l’été, avec le départ de son patron et de plusieurs membres du directoire en guerre ouverte avec Miguel Lopez.
L’exercice 2024/2025 sera « une année de transition sur le plan financier, et l’année des décisions sur le plan stratégique », a souligné ce dernier.
Le groupe d’Essen s’attend à sortir du rouge, avec un bénéfice net attendu entre 100 et 500 millions d’euros l’an prochain.