Le spectacle est navrant. La classe politique française, dans un concert unanime aussi rare que préoccupant, s’égare dans une croisade contre l’accord UE-Mercosur, transformé en épouvantail de tous les maux de notre agriculture. Cette posture, aussi démagogique que contre-productive, mérite d’être déconstruite à l’aune des faits.
Commençons par tordre le cou aux fantasmes sur l’invasion redoutée des produits agricoles sud-américains. Les quotas négociés sont, en réalité, dérisoires : 99 000 tonnes de bœuf, soit 1,6 % de la production européenne. Plus révélateur encore : l’Europe importe déjà 200 000 tonnes de bœuf du Mercosur. L’accord ne fera donc qu’abaisser les droits de douane sur des volumes déjà existants. Même constat pour la volaille (1,4 % de la production européenne) ou le porc (0,1 %). Où est l’apocalypse annoncée ?
Le Ceta : l’apocalypse n’a jamais eu lieu
L’exemple du Ceta est édifiant. Malgré les prophéties catastrophistes, le Canada, pourtant champion mondial de la viande bovine, n’utilise quasiment pas ses quotas d’exportation vers l’UE. La raison ? L’impossibilité d’utiliser des hormones de croissance, interdites par la réglementation européenne. Les cassandres d’hier – Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon en tête – en sont pour leurs frais.
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Plus grave encore, cette fixation sur l’agriculture masque les enjeux stratégiques colossaux. L’accord éliminerai […] Lire la suite