INTERNATIONAL – Quinze hommes en noir tirant la langue, frappant sur leurs cuisses et leur buste en chantant, l’air guerrier. Le « haka », qui signifie « danser » en langue maorie, est un moment incontournable de chaque match de rugby des All Blacks, et le sera de nouveau, ce samedi 16 novembre, lors de France – Nouvelle-Zélande au stade de France. Mais ces derniers jours, face à un projet de loi contesté, cette danse devenue cérémonielle reprend son sens originel, à savoir celui d’un chant de bataille visant à intimider les adversaires.
La tension monte en effet en Nouvelle-Zélande depuis que le parti minoritaire ACT, appartenant à la coalition gouvernementale de droite, a proposé une loi pour redéfinir le traité de Waitangi. Ce texte fondateur, signé il y a presque 200 ans entre les colons britanniques et plus de 500 chefs maoris, régit encore aujourd’hui la législation des deux grandes îles du Pacifique, comme nous vous l’expliquons dans la vidéo en tête d’article.
Un haka au Parlement qui a mis le feu aux poudres
À l’origine de ce texte, le chef du parti libéral David Seymour, dont une partie de l’ascendance est maorie. Il souhaite que le traité de Waitangi s’applique à tous les Néo-Zélandais, et pas seulement aux Maoris, afin que tous les « Kiwis » bénéficient des mêmes droits et privilèges. Sauf que les détracteurs du projet de loi affirment qu’une telle évolution aurait pour effet de démanteler des programmes, notamment d’éducation, destinés aux citoyens maoris.
La colère a pris un nouveau tournant jeudi, lorsque des députés du parti Maori de Nouvelle-Zélande ont interrompu une session parlementaire avec un haka, dans le but de s’opposer à ce projet de loi qui risque d’envenimer les relations interraciales. Comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessous, la députée Hana-Rawhiti Maipi-Clarke a entonné le célèbre chant traditionnel en déchirant le projet de texte. Elle a ensuite été imitée par ses collègues, forçant le président de la Chambre des représentants à suspendre les débats.
Cette scène a provoqué l’embrasement de la colère de la population autochtone du pays, qui représente environ 20 % des 5,3 millions d’habitants de Nouvelle-Zélande.
Une marche d’une semaine jusqu’au Parlement
Une grande marche traversant l’île du Nord et ponctuée de manifestations a débuté lundi 11 novembre, depuis le Cap Reinga, le point le plus septentrional de la Nouvelle-Zélande. Mais c’est surtout jeudi que les protestations ont pris une ampleur impressionnante. Environ 10 000 personnes ont ainsi défilé à Rotorua, ville où près de 30 % des habitants sont maoris, à environ 450 km au nord de la capitale Wellington, a indiqué la police néo-zélandaise dans un communiqué, cité par NBC News. Les manifestants, dont certains portaient des vêtements traditionnels, ont été accueillis par des centaines de personnes brandissant le drapeau maori et scandant des slogans.
Rotorua x Toitū te Tiriti
The hīkoi was 10,000 strong today!
Tomorrow the hīkoi is in Hastings.
All are welcome to join! 10am at the clock tower. See you there! pic.twitter.com/f1fX7YAJfH— ALL (@AotearoaLib) November 15, 2024
Les protestions sont loin d’être terminées, la « marche nationale » se poursuit ce week-end et les manifestants doivent arriver lundi devant le Parlement, à Wellington.
Si projet de loi a très peu de chance d’aboutir, car la quasi-totalité des partis de l’opposition y sont opposés, il est cependant l’illustration de la crainte des Maoris de voir leurs droits détricotés depuis la prise de fonction du Premier ministre Christopher Luxon, un conservateur du parti national néo-zélandais.
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