FRANCE – Il est l’un des plus anciens prisonniers de France. Incarcéré depuis 40 ans mais libérable depuis 1999, Georges Ibrahim Abdallah est un militant propalestinien. La justice doit se prononcer ce vendredi 15 novembre sur sa onzième demande de libération conditionnelle. Son enfermement prolongé implique le gouvernement américain, un avocat espion, et même… Manuel Valls, comme vous pouvez le découvrir dans la vidéo en tête de cet article.
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Né en 1951, Georges Abdallah devient militant communiste libanais. Il débute son engagement au sein du Parti social nationaliste syrien, puis du Front populaire de libération de la Palestine et prend part à la guérilla au Liban du Sud, avant d’être blessé lors de l’invasion israélienne du pays en 1978. Un an plus tard, il cofonde les FARL, les fractions armées révolutionnaires libanaises, un groupe d’action violente propalestinien et marxiste.
En 1984, il est arrêté à Lyon pour possession de faux papiers. Rapidement, il va être accusé de complicité dans les assassinats de Charles R. Ray et Yacov Barsimantov, un attaché militaire américain et un diplomate israélien, qui ont eu lieu deux ans plus tôt Paris et revendiqués par les FARL. Dans cette affaire, une des sources des services secrets français c’est tout simplement l’avocat d’Abdallah, Jean-Paul Mazurier, qui révélera plus tard être un agent du renseignement.
L’intervention d’Hillary Clinton
Lorsque le procès de Georges Abdallah a lieu en 1987, la France est alors traversée par une vague d’attentats en partie liés aux conflits en cours au Moyen-Orient. Au tribunal, l’accusé nie les faits mais déclare : « Si le peuple ne m’a pas confié l’honneur de participer à ces actions anti-impérialistes que vous m’attribuez, au moins j’ai l’honneur d’en être accusé ». À la surprise générale, Georges Ibrahim Abdallah est finalement condamné à la perpétuité pour complicité d’assassinat alors que l’avocat général n’avait requis que 10 ans de prison.
Depuis 40 ans, Abdallah purge cette peine au centre pénitentiaire de Lannemezan dans le sud de la France. Seulement, selon le droit français, il est libérable depuis 1999. Ses défenseurs dénoncent des pressions de la part des États-Unis pour le laisser éternellement derrière les barreaux.
En 2013, alors que sa huitième demande de libération est enfin acceptée, voici ce qu’Hillary Clinton, secrétaire d’État des États-Unis demandait à Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, dans des câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks : « Nous espérons que les autorités françaises pourront trouver une autre base pour contester la légalité de la décision ». L’arrêté d’expulsion vers le Liban, nécessaire à sa libération, n’a finalement pas été signé par Manuel Valls, alors ministre de l’intérieur.
Pour la Ligue des droits de l’Homme, l’incarcération de Georges Abdallah est contraire aux droits humains et elle considère le militant comme le plus ancien prisonnier politique de France.
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