Mardi, le ministre de l’Économie Antoine Armand s’est fait remonter les bretelles par le Premier ministre Michel Barnier pour avoir exclu de travailler avec le Rassemblement national avant de rétropédaler.
Au sein du groupe Ensemble pour la République, le groupe du camp présidentiel présidé par Gabriel Attal, ce recadrage fait grincer des dents.
Plusieurs membres ont dénoncé « un très mauvais signal envoyé par le Premier ministre », arguant que « ce n’est pas Marine Le Pen qui doit dicter la ligne ou la conduite du gouvernement ».
Suivez la couverture complète
Michel Barnier a (enfin) un gouvernement
Sont-ils dans une impasse ? À moins d’une semaine du discours de politique générale de Michel Barnier, alors que son gouvernement très marqué à droite a été nommé les députés du camp présidentiel sont tiraillés. Le recadrage d’un des leurs mardi par le Premier ministre a encore accentué leurs doutes, notamment sur le poids de Marine Le Pen sur le casting ou les orientations politiques futures du gouvernement. Après avoir dit qu’il ne souhaitait pas travailler avec le Rassemblement national (une ligne rouge fixée par le parti, ndlr ), qui « n’appartient pas », selon lui, à « l’arc républicain », le ministre de l’Economie s’est fait sévèrement remonter les bretelles par Matignon , avant de rétropédaler.
« Le recadrage public d’Antoine Armand est un très mauvais signal envoyé par le Premier ministre. Un gouvernement soucieux d’appeler d’emblée Marine Le Pen pour la rassurer à la moindre contrariété ne représente pas mes valeurs. Faire barrage au RN pour au final lui être soumis ? », s’est interrogé le député du Maine-et-Loire Denis Masséglia. « Soutien à Antoine Armand : le RN n’est pas dans l’arc républicain », a assuré l’élu Ensemble pour la République des Côtes-d’Armor Eric Bothorel. « On ne négocie pas son programme avec le RN. Cela doit être simple et net », a abondé le député de Paris David Amiel. « Aucune négociation ou compromis avec le RN. Total soutien au ministre Antoine Armand », a écrit sur X Marie-Pierre Rixain, députée de l’Essonne.
On a surtout compris qu’un barrage républicain s’est formé en France le 7 juillet parce que le #RN ne fera jamais partie de l’arc républicain. Aucune négociation ou compromis avec le RN. Total soutien au Ministre @antoine_armand https://t.co/aPTWGKHBa3 — Marie-Pierre Rixain (@RixainMP) September 24, 2024
« Ce n’est pas Marine Le Pen qui doit dicter la ligne ou la conduite du gouvernement »
« Ça ne peut pas fonctionner comme ça ! Ce n’est pas Marine Le Pen qui doit dicter la ligne ou la conduite du gouvernement Barnier mais bien Barnier lui-même, qui rappelons-le est à la tête d’un gouvernement de coalition », « je m’inquiète du poids de Marine Le Pen pour la suite », a dit une autre à TF1 et LCI sous couvert d’anonymat. « Oui, Antoine Arnaud est légitime, comme moi, comme les millions de Français qui ont voté pour le front républicain, à considérer que le Rassemblement national ne fait pas partie de l’arc républicain », a aussi assuré Stella Dupont, élue du Maine-et-Loire, qui ne s’empêche pas de voter la censure après la nomination d’un gouvernement « trop à droite et n’est pas à l’image des aspirations des Français ».
Le recadrage de mardi est venu raviver les débats au sein du groupe Ensemble pour la République dirigé par Gabriel Attal, qui s’interroge sur les conditions à réunir pour soutenir le gouvernement et au-delà de quelle limite le censurer. Des tiraillements entre l’aile gauche et l’aide droite du groupe, notamment, qui obligent l’ex-Premier ministre à jouer les équilibristes, et à placer les siens au sein du gouvernement tout en réclamant à Michel Barnier des garanties sur plusieurs sujets comme les impôts ou les questions sociétales.