Dans un poème de la fin du XVIIIe siècle, André Chénier louait la France, cette « belle contrée », « terre généreuse que les dieux complaisants formaient pour être heureuse ». « Le midi de ses feux t’épargne les fureurs », écrivait-il, décrivant les « Alpes glacées », les « fleuves tortueux » ou les « fertiles champs », « source de l’abondance ». Deux cents ans plus tard, ce panorama idyllique est assombri par le dérèglement climatique. Des littoraux aux sommets, des plaines aux villes, aucun territoire n’est épargné par les effets du réchauffement. Désormais, l’heure est aux canicules, sécheresses, incendies, inondations, pénuries d’eau, baisses des rendements agricoles et fonte des neiges éternelles.
Région par région, le Réseau Action Climat (RAC) décrit de manière méthodique ces impacts aussi nombreux et divers « que le sont les paysages français », dans un rapport d’une centaine de pages publié jeudi 19 septembre, en partenariat avec l’Agence de la transition écologique (Ademe). Un panorama de la crise climatique déjà à l’œuvre en France, et qui ne va cesser d’empirer. Cette synthèse est d’autant plus utile qu’il n’existe pas d’évaluation collective récente des risques climatiques et des vulnérabilités, avec des scénarios par régions, malgré les préconisations du Haut Conseil pour le climat (HCC).
« Contrairement à ce que l’on entend encore aujourd’hui, le changement climatique n’est pas loin de nous, ni dans le temps ni dans l’espace. Il a déjà de nombreuses conséquences en France et cela va s’aggraver », rappelle Benjamin Crettenand, l’un des deux auteurs du rapport, chargé de la sensibilisation au changement climatique au sein du RAC, un réseau qui rassemble 37 associations. En croisant et en synthétisant des centaines de données, issues de Météo-France, du HCC, de l’Insee ou encore des groupements régionaux d’experts sur le climat, « nous avons voulu proposer un outil d’aide à la prise de décision par les collectivités pour planifier la transition et s’adapter au réchauffement », complète Clara Sannicolo, responsable climat et territoires au sein du RAC, qui est aussi l’autre coautrice du rapport.
Le pire est à venir
Dans une France qui s’est déjà réchauffée de 1,9 °C depuis l’ère préindustrielle, toutes les régions font face à une multitude de risques. Si l’Ile-de-France et la Provence-Alpes-Côte d’Azur sont d’abord frappées par la chaleur, les Hauts-de-France par les inondations et la Normandie par l’érosion et la submersion, quasiment tous les aléas affectent l’ensemble du territoire. « Partout, dans les prochaines décennies, l’exceptionnel va devenir la norme », ajoute Clara Sannicolo.
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