- Casquette sur la tête, écouteurs dans les oreilles, air concentré…
- Dans les salles de sport, les femmes utilisent des stratagèmes pour échapper aux comportements sexistes.
- Un sondage montre que près de trois femmes sur cinq ont déjà subi une situation de comportement déplacé ou inapproprié dans une salle de sport.
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Avec Elles
Dans les salles de sport, l’omniprésence des hommes se fait sentir : des selfies devant les miroirs, des cris à la moindre haltère soulevée et une ambiance « boys’ club » décrite par beaucoup de témoins. Sur les réseaux sociaux, les récits de femmes relatant leur malaise, leurs expériences dérangeantes ou les comportements déplacés vécus dans ces lieux pourtant dédiés au bien-être se multiplient.
Résultat : les femmes se retrouvent souvent aux extrémités. Les nombreux regards insistants leur donnent l’impression de ne pas être à leur place. Certaines tentent, en déplaçant parfois des bancs entre des poteaux et le mur, de se faire de la place entre elles pour se créer un espace de confiance. D’autres, gênées, abandonnent l’espace musculation accaparé par les hommes.
Pour évaluer ces craintes, le sondeur Flashs a réalisé pour l’enseigne de fitness L’Orange Bleue une enquête auprès de 2.000 femmes françaises. Résultat : près de trois répondantes sur cinq disent avoir subi une situation de comportement déplacé ou inapproprié en salle. La même proportion reconnaît que le regard des autres a déjà freiné leur pratique. Un tiers d’entre elles considère carrément ces lieux intimidants, voire hostiles. « Dans cet espace censé libéré, beaucoup disent encore se sentir observées, jugées, voire contraintes d’adopter certains codes »
, regrettent les auteurs de l’étude.
Comportements intrusifs
Pour échapper au regard masculin, un quart des sportives se sent obligée de se maquiller ou de s’apprêter avant de se rendre à la salle de sport. Mais ça ne suffit pas. Deux sportives sur cinq subissent des remarques infantilisantes (« Tu es forte pour une fille », « ma belle », « princesse »). Près des deux tiers des femmes interrogées ont déjà fait face à des comportements intrusifs (certaines se sont senties suivies, d’autres ont vécu des atteintes à leur intégrité physique ou à leur vie privée. Des hommes n’hésitent pas à prendre des photos à leur insu.
Certaines pâtissent du « coaching sauvage » : des hommes viennent leur donner des conseils non-sollicités, voire se mettent derrière elles pour les « assurer » pendant des squats par exemple. « Ils envisagent la chose comme une technique de drague légitime »
, raconte le magazine ELLE
(nouvelle fenêtre)dans un article. Une femme y témoigne avoir changé sa façon de s’habiller « pour avoir la paix »
.
Résultat : la plupart se sentent en insécurité dans les vestiaires. « On ne parle plus ici d’injonctions esthétiques, mais de comportements qui franchissent un cap »
, commentent les auteurs de l’étude. Moralité, près d’une femme sur deux se dit favorable à des espaces exclusivement féminins, perçus comme une manière de s’entraîner plus sereinement.
Pour rappel, l’article 222-33-2 du Code pénal punit le harcèlement moral ou physique plaçant la victime dans une situation d’infériorité de deux ans d’emprisonnement et de 30.000 euros d’amende. La loi réserve au harcèlement sexuel le même tarif et les juges peuvent aggraver cette peine dans certaines situations.










