Après une forte mobilisation unitaire en 2023 contre la réforme des retraites, les principaux syndicats appellent à descendre dans la rue mercredi 1er mai avec des revendications diverses. En cette Journée internationale des travailleurs, la Confédération générale du travail (CGT) recense plus de 265 rassemblements et manifestations à travers la France, dans la fourchette « haute », selon sa secrétaire, Céline Verzeletti.
Certains cortèges ont débuté dès 10 heures comme à Strasbourg, Marseille ou encore Clermont-Ferrand. A Paris, la manifestation doit s’élancer à 14 heures de la place de la République vers la place de la Nation. Au niveau national, « 120 000 à 150 000 » manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignements territoriaux. C’est nettement moins qu’en 2023, où la mobilisation avait rassemblé près de 800 000 manifestants, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT. A titre de comparaison, c’était huit à dix fois plus qu’en 2022, où la police avait dénombré quelque 116 000 manifestants et la CGT, 210 000.
A Paris, entre 15 000 et 30 000 personnes sont attendues par les autorités, dont 400 à 800 manifestants radicaux. Des militants propalestiniens pourraient venir grossir les rangs des cortèges, en particulier à Paris, et les « détracteurs » des Jeux olympiques pourraient profiter de cette tribune offerte, affirme la note des renseignements. Mais les autorités s’attendent globalement à des manifestations « au caractère plutôt festif et familial » et « plus apaisées » que l’an dernier, où la journée avait été marquée par des heurts parfois violents dans la capitale et d’autres villes comme Nantes ou Lyon. De source policière, 12 000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 5 000 à Paris.
Pas de mot d’ordre national interprofessionnel
L’unité reste assez large, puisque la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et l’Unsa en seront avec la CGT, FSU et Solidaires. Mais, contrairement à 2023, où les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, il n’y a pas de mot d’ordre national interprofessionnel.
La CGT, FSU, et Solidaires, ainsi que des organisations de jeunesse dont l’UNEF, la FAGE ou le MNL (Mouvement national lycéen), ont lancé un appel commun notamment « contre l’austérité », pour l’emploi et les salaires ou encore la paix. « Nous exigeons de mieux vivre ! », proclame la centrale dirigée par Sophie Binet, dénonçant notamment « la violence gouvernementale », alors qu’une nouvelle réforme de l’assurance-chômage est annoncée ainsi qu’une loi « Travail II » attendue à l’automne.
Le premier syndicat français, la CFDT, a de son côté appelé à « rejoindre les cortèges organisés partout en France, pour revendiquer une Europe plus ambitieuse et plus protectrice pour les travailleurs et les travailleuses ». Sa numéro un, Marylise Léon, sera à Nancy, où elle participera à un débat sur les enjeux des élections européennes. Son homologue de FO, Frédéric Souillot, sera pratiquement à l’autre bout de la France, à Montauban, en Occitanie.
A l’approche des élections européennes, plusieurs têtes de liste seront présentes dans les cortèges comme celle du Parti socialiste (PS) et de Place publique, Raphaël Glucksmann, à Saint-Etienne ou La France insoumise (LFI), Manon Aubry, à Lyon puis Paris.
Même si « ce sera différent de l’an dernier », Céline Verzeletti, s’attend à « un 1er-Mai important en mobilisation », sur fond « d’atteintes aux libertés », y compris syndicales, et d’une situation sociale « très dégradée ». « Cela n’a pas été vu par certains syndicats comme nécessitant absolument une unité sur cette journée », observe Murielle Guilbert, codéléguée de Solidaires. Mais, dit-elle, au vu des sujets du moment, « on a intérêt à avoir un beau 1er-Mai ».