vendredi, mai 17

A la veille de son accession au poste de secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) [en 2012], les libéraux mettaient tous leurs espoirs en Xi Jinping. En effet, pour la première fois, un membre de la génération des jeunes instruits, le fils d’un dirigeant réprimé par Mao Zedong en 1962, accédait au pouvoir suprême.

Dans une interview donnée au journal Zhonghua er nü en 2000, celui qui n’était alors que le gouverneur de la province du Fujian racontait ses persécutions pendant la Révolution culturelle : « J’avais été expulsé du lycée pour enfants de hauts cadres du Parti et attrapé par des gardes rouges (…) qui m’accusèrent de toutes sortes de mauvaises choses. On me qualifia de chef de gang parce que j’étais têtu et parce que je disais que je n’avais rien fait de mal. » Envoyé à la campagne, il s’enfuit à Pékin, puis y fut de nouveau renvoyé. Fils de contre-révolutionnaire, il a connu les souffrances des familles de « catégories noires » ; sa demi-sœur s’est suicidée pour échapper aux persécutions. Son père, ferme partisan de l’ouverture, aurait condamné l’intervention de l’armée contre le peuple en 1989.

De là la bonne image dont il jouissait dans les milieux libéraux. Ajoutons que l’une de ses premières actions consista à supprimer la « rééducation par le travail », que demandaient nombre d’intellectuels progressistes.

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Quelle ne fut donc pas leur surprise dans les mois qui suivirent son installation au pouvoir ! Un peu à la manière de Staline, Xi Jinping avait été promu parce qu’il semblait inoffensif et semblait ne guère avoir de caractère. Chaque faction pensait pouvoir facilement le manipuler et éviter un affrontement fratricide. C’était une erreur : de fait, Xi avait compris que pour arriver au sommet de l’appareil il fallait éviter d’affirmer des opinions claires. Mais, une fois nommé secrétaire général, il n’hésita pas à s’affirmer.

S’inspira-t-il de la politique populiste du chef de la municipalité de Chongqing, Bo Xilai ? En lançant une grande campagne contre la corruption (da hei) et en chantant la vocation révolutionnaire du PCC (avec les chansons « rouges » chang hong), ce dernier avait, en effet, acquis une grande popularité.

Ainsi, tandis que les libéraux pensaient que Xi Jinping suivrait la politique de Wang Yang – le secrétaire du Guangdong qui avait négocié avec des paysans révoltés et tolérait l’existence d’ONG –, c’est bien plutôt de Bo Xilai qu’il semble s’être inspiré. Et, depuis, il est même allé beaucoup plus loin que Bo : pendant son premier mandat, il a notamment lancé une campagne contre la corruption qui lui a permis de se débarrasser de ses éventuels rivaux en même temps que des dirigeants qui avaient provoqué le discrédit du PCC dans la population en raison de leur enrichissement. Il a confié la direction de ce combat à la Commission centrale d’inspection de la discipline du Parti, devenue une véritable Tchéka, qui ne se gêne pas pour arrêter de hauts dirigeants et les enfermer sans procès.

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