Le chancelier allemand Olaf Scholz (G) et le président français Emmanuel Macron le 8 février 2022 à Berlin ( POOL / Thibault Camus )
L’espoir d’éviter une guerre en Ukraine grandissait mercredi après l’intense activité diplomatique de ces derniers jours, qui offre de “vraies chances” de désescalade selon Kiev, le Kremlin comme les Occidentaux relevant de premiers signaux positifs.
“Aujourd’hui, il existe de vraies chances pour un règlement diplomatique”, s’est félicité à Kiev le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba, pour qui la situation reste “tendue, mais sous contrôle”.
Les menaces de sanctions “sans précédent” en cas d’attaque de l’Ukraine par la Russie, ainsi que le dialogue international ces derniers jours pourraient éloigner le spectre d’une guerre en Europe, veut croire le gouvernement ukrainien.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a fait lui aussi montre d’optimisme, saluant mercredi à les “progrès” nés de la reprise d’intenses échanges diplomatiques entre la Russie et les Occidentaux. “La mission est d’assurer la sécurité en Europe et je crois que nous y parviendrons”, a-t-il ajouté.
La présidence française s’est également félicitée mercredi du fait que la tournée d’Emmanuel Macron à Moscou, Kiev et Berlin ait atteint son “objectif” en permettant d'”avancer” pour apaiser la situation.
Il s’agit désormais de “permettre à chacun de faire une pause et d’envisager les moyens de la désescalade (…) dans un moment de tensions croissantes” à la frontière entre la Russie et l’Ukraine, selon la même source.
– Crispations –
“Il y a eu des signaux positifs quant à la décision de l’Ukraine d’agir uniquement sur la base des accords de Minsk, c’est un plus”, a de son côté estimé le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, évoquant les accords signés en 2014 et 2015 par Kiev et les séparatistes sous l’égide de Paris, Berlin et Moscou, qui visaient à mettre fin au conflit dans l’est du territoire ukrainien.
“Mais nous n’avons pas entendu le président (ukrainien Volodymyr) Zelensky dire qu’il était prêt à s’en occuper rapidement”, a-t-il poursuivi.
Après un long face-à-face avec Vladimir Poutine lundi, Emmanuel Macron avait assuré avoir reçu des gages du président russe pour qu’il n’y ait pas d'”escalade” supplémentaire.
La Russie s’apprête à recevoir la cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss, pour un voyage de deux jours. Le Premier ministre Boris Johnson se rend quant à lui en Pologne, où le Royaume-Uni entend déployer des soldats supplémentaires.

La frontière russo-ukrainienne près de la ville ukrainienne de Kharkiv, le 7 février 2022 ( AFP / Sergey BOBOK )
C’est dans ce contexte qu’Olaf Scholz accroît son implication, en réponse aux critiques ces dernières semaines sur sa discrétion et une supposée complaisance à l’égard de Moscou.
Après avoir accueilli mercredi la cheffe du gouvernement danois Mette Frederiksen, le successeur d’Angela Merkel recevra jeudi les dirigeants des pays baltes, voisins d’une Russie qui inquiète.
Malgré l’annonce de l’envoi de 350 soldats allemands de plus en Lituanie dans le cadre d’une mission de l’Otan, les réticences de Berlin à la livraison par l’Estonie d’armes allemandes à Kiev ont créé des crispations ces dernières semaines.
Après sa visite à Washington lundi, destinée à rassurer les Américains, puis la réunion mardi dans la capitale allemande du Triangle de Weimar, formé avec la France et la Pologne, M. Scholz avance sur un fil, entre les attentes de ses partenaires occidentaux et la dépendance de de son pays au gaz russe.
Les réserves en gaz de l’Allemagne sont d’ailleurs tombées à un niveau “inquiétant”, sous le seuil critique de 40%, a annoncé mercredi le gouvernement.
– Scholz-Poutine –

Carte d’Europe montrant le réseau de gazoducs opérationnels et en projet, ainsi que les terminaux de regazéification ( AFP / )
Point d’orgue de cette activité diplomatique : la visite très attendue que rendra le 15 février Olaf Scholz à Vladimir Poutine, la première depuis son élection à la chancellerie début décembre.
L’ombre du gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne et attend toujours sa certification, continue de planer sur les relations entre ces deux pays.

Carte d’Ukraine localisant Dnipro, les régions sous contrôle séparatiste et la Crimée, annexée par la Russie ( AFP / )
Le chancelier allemand a ainsi assuré à un groupe de sénateurs américains que le gazoduc “n’irait pas de l’avant” si la Russie envahissait l’Ukraine, a dit un élu après la rencontre.
Une inconnue subsiste cependant quant aux réelles intentions de M. Poutine, qui n’a dit mot lundi des dizaines de milliers de soldats russes déployés aux frontières de l’Ukraine.