- Selon une étude publiée par l’ONG Transport & Environmment, les voitures hybrides rechargeables coûteraient plus cher que prévu à leurs conducteurs.
- En cause : une surconsommation de carburant.
- Avec un effet néfaste sur la planète et des émissions de CO2 plus importantes que prévu.
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Notre planète
« Les hybrides rechargeables ne tiennent pas leurs promesses ».
C’est le constat de Bastien Gebel, responsable décarbonation de l’industrie automobile pour l’ONG Transport & Environment qui publie une étude, jeudi 16 octobre, sur ces « PHEV » (nouvelle fenêtre). Bilan : elles coûtent plus cher que prévu à leurs propriétaires, enregistrent une surconsommation de carburant et émettent plus de gaz à effet de serre que ce qui était annoncé. En cause ? Des voitures souvent conduites avec la batterie électrique déchargée.
Selon l’analyse menée par T&E, qui s’appuie sur des études menées par l’Agence européenne de l’environnement (AEE), la « consommation de carburant de ces véhicules conduit leurs conducteurs à payer en moyenne 500 euros de plus par an, par rapport à la consommation promise par le cycle WLTP (la méthode de mesure réaliste mondiale pour déterminer la consommation de carburant, l’autonomie et les émissions des véhicules, ndlr) ».
Un écart qui s’explique par le décalage constaté entre la consommation de carburant avancée par la norme WLTP (1,5 l/100 km) et la consommation réelle (5,9 l/100 km) mesurée par des capteurs embarqués sur 800.000 voitures hybrides rechargeables (nouvelle fenêtre) immatriculées en Europe entre 2021 et 2023.
Batteries trop petites et moteurs pas assez puissants
« Selon les hypothèses des constructeurs, ces voitures devraient rouler 80% du temps en utilisant leur moteur électrique. Mais dans la réalité, c’est l’inverse, elles roulent 20% du temps en électrique et 80% du temps en thermique »
, assure Bastien Gebel. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que les conducteurs roulent souvent avec la batterie déchargée. « C’est une question de conception, ces voitures sont équipées de batteries très petites, avec 40 ou 50 km d’autonomie pour la plupart, il faut donc les charger régulièrement »,
détaille l’expert, ce qui pousse certains automobilistes à rouler plus souvent en thermique à défaut de pouvoir régulièrement recharger leur véhicule.
Mais en utilisant leur moteur thermique, les voitures hybrides rechargeables consomment davantage que les simples voitures essence ou diesel puisque plus lourdes avec leur batterie. Ce qui entraîne des émissions de CO2 plus importantes. Un phénomène encore plus frappant sur les hybrides les plus récents qui sont équipés de batteries plus importantes : selon T&E, les données montrent que les automobiles bénéficiant d’une autonomie électrique supérieure à 75 km émettent en moyenne plus de CO2 que celles dont l’autonomie est comprise entre 45 et 75 km.
La faute, notamment, à la conception des moteurs. Même conduits en mode électrique, les PHEV consomment toujours plus de carburant qu’annoncé : 3 l/100 km en moyenne et émettent 68 g de CO2 par kilomètre, soit plus de huit fois les valeurs WLTP. « Le moteur électrique de ces voitures est trop peu puissant pour maintenir des vitesses élevées ou grimper une pente. Dans ces cas-là, le moteur thermique vient en appui. En moyenne, selon les données de l’AEE, il fournit de l’énergie pendant près d’un tiers de la distance parcourue en mode électrique »,
pointe l’ONG.
L’enjeu de 2035
Face à ce constat, l’organisation alerte sur l’avenir de ces véhicules que l’industrie automobile européenne voudrait voir considérés comme neutres en carbone pour pouvoir continuer à les commercialiser après 2035, date de l’entrée en vigueur de l’interdiction de vente de véhicules thermiques neufs en Europe. Mais selon les données recueillies auprès des milliers d’hybrides rechargeables étudiés, ces véhicules, en moyenne, émettent seulement 19% de CO2 en moins par kilomètre que les voitures à essence ou diesel.
L’ONG appelle également l’Europe à ne pas céder aux pressions de l’industrie automobile et à revoir ses « facteurs d’utilisation » fixés pour 2025 et 2027 pour corriger les émissions de CO2 des hybrides rechargeables. Ces facteurs doivent progressivement corriger l’écart entre les émissions officielles et les émissions réelles des hybrides rechargeables, rendant plus stricts les objectifs de l’UE en matière de CO2 pour les constructeurs.
« Assouplir les règles pour les hybrides rechargeables revient à saborder la législation européenne sur les émissions de CO2 des voitures. Au lieu d’orienter le marché vers des voitures zéro émission abordables, les constructeurs automobiles vont l’inonder de PHEV coûteux et très émissifs. Cela risque de compromettre la sécurité des investissements dans les véhicules électriques dont le marché a besoin »,
alerte Bastien Gebel.




