ÉCONOMIE – Une première estimation. Dans un entretien accordé au Parisien publié ce samedi 5 avril, le Premier ministre estime que les hausses de droits de douane décidées cette semaine par Donald Trump risquent de coûter à la France « plus de 0,5 % » de son PIB, qui a frôlé les 3 000 milliards d’euros en 2024.
Donald Trump a fait perdre des sommes astronomiques à ces milliardaires en annonçant les droits de douane
Dans un discours samedi, le président américain a annoncé des droits de douane de 20 % pour l’ensemble des pays de l’Union européenne. Une surtaxe qui doit entrer en vigueur dans les jours à venir.
Pour François Bayrou, avec cette hausse brutale, « le risque de pertes d’emplois est absolument majeur, comme celui d’un ralentissement économique, d’un arrêt des investissements ». « La déstabilisation qu’il a fait naître fragilisera pour longtemps l’économie mondiale », ajoute le chef du gouvernement, dont la volonté est « de tenir l’objectif du retour aux 3 % [de déficit public] en 2029. Mais la crise peut tout changer », admet-il dans l’entretien.
« Si nous ne faisons rien, la charge de la dette deviendra, et de loin, le premier poste de dépenses. C’est un problème français. Plus que jamais, je pense qu’il faut mettre au point des stratégies budgétaires qui permettent d’envisager, à moyen terme, le retour en plusieurs années à un équilibre des finances publiques », préconise donc le chef du gouvernement.
Il donne d’ailleurs rendez-vous aux Français sur la question du budget de l’année 2026, estimant qu’ils sont « codécideurs ». « Je partagerai avec eux toutes les données des choix que nous avons à faire. Le 15 avril, je leur présenterai donc ce cadre général. Ils connaîtront tout de la situation. Quand j’ai dit que la situation du pays, c’était l’Himalaya, j’étais peut-être au-dessous de la vérité », prévient-il.
« Sans défense dans un monde de requins »
Dans cet entretien, le Premier ministre juge par ailleurs « gravissime » la décision du président américain. Elle est « gravissime pour nous », mais « est encore plus délétère pour les États-Unis. L’imposition de ces droits de douane délirants va entraîner une crise planétaire ».
François Bayrou juge donc qu’il est impossible de ne pas riposter. « Sinon, vous apparaissez comme sans défense dans un monde de requins ». Interrogé ensuite sur une éventuelle riposte européenne portant « sur les services numériques », comme l’évoquait la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, jeudi, il répond qu’à ce stade « aucune décision n’est prise et aucune décision ne peut être annoncée ». « Ce sont des décisions européennes, pas nationales », tranche-t-il.
Le Premier ministre compte surtout sur l’attitude des grands industriels français. « Notre continent est attaqué de la manière la plus virulente possible, il est donc légitime que les industriels, les investisseurs, français et européens, comprennent qu’il est de leur devoir commun de faire pression sur le gouvernement des États-Unis ». Au risque de voir le plan de Donald Trump se réaliser : « Vous imaginez si les grandes décisions d’investissement européens aux États-Unis se poursuivaient comme avant ? Le président des États-Unis pourrait dire : ’Ma politique marche très bien !’ ».
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