En France, un peu moins de 5 millions de jeunes actifs vivent toujours chez leurs parents.
Malgré la stabilité de leur situation professionnelle, la plupart ne trouvent pas d’appartement à acheter ou louer.
Hausse des loyers, marché saturé… Une équipe de TF1 est allée à la rencontre de ces jeunes travailleurs en galère.
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Le 20H
Comme tous les matins, Alex Humbert, vidéaste, met plus d’une heure en voiture pour se rendre au travail, à Strasbourg. « Ça représente un coût chaque mois, car je fais le plein toutes les deux semaines (soit 140 euros par mois, NDLR) », regrette-t-il, interrogé dans le reportage en tête de cet article. Ses recherches de logement à proximité de son entreprise patinent toujours, après un an et demi de recherche. En attendant, le jeune homme loge chez ses parents.
Il est loin d’être seul dans cette situation. Selon une enquête de la Fondation Abbé Pierre dévoilée en mai, le nombre de jeunes actifs vivant chez leurs parents a bondi de 250.000 en sept ans, soit quelque 4,92 millions d’adultes âgés de 18 à 35 ans et plus. Malgré son CDI et ses 1500 euros de revenu par mois, aucune de ses demandes n’a été acceptée. « La plupart du temps, j’entends ‘non, désolé, vous ne gagnez pas assez. Vous ne pouvez pas payer trois fois le montant du loyer, et c’est problématique' », raconte le vidéaste, faisant défiler les annonces sur son ordinateur.
Des loyers de plus en plus chers
Des garanties financières toujours plus élevées sont demandées par les agences, alors qu’en parallèle, les loyers sont de plus en plus chers. À Strasbourg, ils ont augmenté de 9% en moins de 10 ans. Si, selon la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), les loyers dans les grandes villes ont augmenté de 3,1% en moyenne sur un an en janvier 2024, cette hausse n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire français. Selon la Fnaim, les loyers les plus élevés se trouvent à Paris, avec un prix moyen de 27,6 euros par mètre carré, en hausse de 1,7% sur un an.
Ainsi, nombreux sont les travailleurs qui décident de se tourner vers les logements sociaux. Mouhamed Traoré, maçon en CDI, vient d’emménager dans l’un d’entre eux. Éligible à ce logement social, il s’estime chanceux que son dossier ait été retenu. « Pour ce logement, ils ont mis sur le site qu’il y avait plus de 1000 candidats », indique-t-il. Faute de constructions à Strasbourg, 30.000 demandes de logements sociaux sont en attente.
Dans cette ville du Bas-Rhin, comme partout en France, le marché privé est bloqué, et le parc locatif public est saturé. À ces contraintes vient s’ajouter l’augmentation des locations touristiques de courte durée. « On assiste à des gens qui galèrent à trouver un logement, que ce soit à acheter ou à louer. En parallèle, d’autres cumulent les logements. Le nombre de résidences secondaires croît plus vite que le nombre de résidences principales », indique l’experte en logements Isabelle Rey-Lefebvre.
L’alternative du bail réel solidaire
Quelles solutions pour faciliter l’accès au logement ? Ces dernières années, le bail réel solidaire (BRS) séduit de plus en plus. Valentin Gaillot, ingénieur, s’est tourné vers cette option. Il vient d’acheter un logement, alors que le terrain sur lequel est construit son appartement est détenu par un organisme foncier solidaire agréé par l’État. « Je l’ai payé 219.000 euros. Sans BRS, ça aurait été entre 320.000 et 350.000 euros, ce qui est en dehors de mes moyens actuellement », détaille le jeune homme. Face au succès de cette alternative naissante, la France devrait compter en 2027 plus de 16.000 logements en BRS.