Washington aurait autorisé l’armée ukrainienne à frapper la Russie avec ses missiles longue portée.
Depuis, la menace nucléaire est brandie à nouveau par des comptes prorusses.
Suivez la couverture complète
L’info passée au crible des Vérificateurs
C’est au 1000ᵉ jour de la guerre à grande échelle que Vladimir Poutine a choisi de signer un décret sur la nouvelle doctrine russe, qui prévoit un assouplissement des règles (nouvelle fenêtre) pour recourir à l’arme nucléaire. Concrètement, cela serait désormais possible dans la loi en cas d’attaque de missiles étrangers sur son territoire.
Justement, la situation s’est tendue après que Moscou a accusé Kiev d’avoir lancé six missiles semi-balistiques américains sur son sol. « L’attaque contre la région de Briansk a été menée avec des missiles ATACMS », a confirmé anonymement un haut responsable ukrainien, ce 19 novembre. L’usage des Army Tactical Missile Systems (ATACMS ) en direction de la Russie venait d’être autorisé deux jours plus tôt par la Maison-Blanche. Une information du New York Times (nouvelle fenêtre), qui n’a cependant pas été confirmée par Joe Biden.
Un récit poussé d’une « guerre nucléaire »
Dans ce contexte explosif, des comptes prorusses n’ont pas attendu la signature du décret par le Kremlin pour agiter le risque d’une attaque nucléaire imminente. À partir du 17 novembre, lorsque la décision américaine a fuité dans la presse, la question d’une « guerre nucléaire » a nourri de nombreuses discussions sur X : 85.000 tweets ont été publiés en deux jours, selon l’outil Visibrain. Plus encore, celle d’une « troisième guerre mondiale » a fait l’objet de 456.000 messages sur X.
Selon le compte Agents Media (nouvelle fenêtre), qui étudie la désinformation prorusse, plus de 1000 bots prorusses ont même poussé le récit d’une guerre nucléaire en publiant depuis dimanche « 2665 commentaires sur VKontakte sous 317 messages mentionnant ATACMS (un commentaire de troll sur six ce jour) ». Preuve de leur réactivité, ces trolls russes « n’ont manqué que 6% des messages concernant les missiles américains à longue portée » sur le Facebook russe. Trois cas illustrent bien ces tentatives prorusses de créer la panique, après l’autorisation d’utiliser les fameux ATACMS. À travers ces séquences, tout est fait pour agiter le spectre nucléaire, quitte à désinformer.
D’abord, un extrait s’est retrouvé très partagé sur X (nouvelle fenêtre) et sur TikTok (nouvelle fenêtre), dans lequel Vladimir Poutine menace de l’arme nucléaire si un « missile ennemi » est lancé sur la Russie. Sur TikTok (nouvelle fenêtre), cette vidéo est présentée à tort comme une réponse directe de Moscou à Joe Biden. Le discours remonte à septembre dernier et a été retransmis sur Russia Today (RT), comme le montre cette archive (nouvelle fenêtre). D’après la retranscription faite par le Kremlin (nouvelle fenêtre), Vladimir Poutine évoquait ici l’évolution de la doctrine russe sur la dissuasion nucléaire qui vient d’être actée par décret.
Si le contexte était différent, cela montre une chose : le caractère répété des menaces russes à propos d’un usage de l’arme nucléaire. Le partage de cet extrait à la faveur des récents événements poursuit un objectif clair : faire peur et prétendre à une attaque nucléaire prochaine.
Cette stratégie a également été opérée à propos d’un reportage à la télévision russe, publié là aussi sur X (nouvelle fenêtre) et sur TikTok (nouvelle fenêtre). « La télévision d’État russe a montré les pays d’Europe qui seront touchés par des armes nucléaires si la guerre s’intensifie », affirme un compte X qui le met en ligne. Dans cette séquence que nous avons traduite, le présentateur menace bien l’Europe d’être détruite par l’arme nucléaire russe : « Presque toutes les capitales européennes sont menacées. Si nos missiles se trouvent à Kaliningrad, Berlin, Varsovie, tous les pays baltes, Paris, Bucarest, Prague. Bien sûr, les bases américaines en Allemagne », énonce cet homme qui n’est autre que Yevgeny Popov, un propagandiste et député russe.
Mais ses avertissements sur la chaine Rossiya 1 ne sont pas récents. Ils datent du 15 juillet dernier, comme l’a documenté le Moscow Times (nouvelle fenêtre), un média indépendant en ligne. Bien que virulentes, ces menaces sont courantes à la télévision d’État russe : on retrouve un contenu similaire sur Telegram (nouvelle fenêtre) au printemps 2022, avec déjà la participation de Yevgeny Popov.
Enfin, des comptes ont fait croire dès le soir du 17 novembre à une annonce imminente de Moscou en partageant des images du convoi présidentiel roulant à toute allure. « Le cortège du président Poutine est arrivé d’urgence au Kremlin. De telles arrivées nocturnes indiquent quelque chose d’important », assure ce compte X (nouvelle fenêtre). Une publication reprise mot pour mot par plusieurs profils sur TikTok (nouvelle fenêtre). Or, cette vidéo est régulièrement publiée sur X (nouvelle fenêtre), comme ici en juin.
Ces images proviennent de caméras de surveillance situées à proximité du Kremlin, à l’image de celles-ci. La vidéo mise en ligne est en réalité un montage de deux vidéos différentes : la première date du 9 juin dernier (nouvelle fenêtre), lorsque le chef d’État rentrait de Saint-Pétersbourg, et la seconde du 20 février 2023 (nouvelle fenêtre), quand il rentrait au Kremlin en vue de son discours du lendemain à la Nation. La circulation avait été interrompue pour l’occasion.
Vous souhaitez nous poser des questions ou nous soumettre une information qui ne vous paraît pas fiable ? N’hésitez pas à nous écrire à l’adresse lesverificateurs@tf1.fr. Retrouvez-nous également sur X : notre équipe y est présente derrière le compte @verif_TF1LCI.