Les compteurs Linky déployés depuis 2015 seraient un « scandale » économique.
En cause, l’obsolescence de ces nouveaux dispositifs qui tiendraient « quatre fois moins » que les précédents.
Il s’agit d’une fausse information.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
Il se présente comme « l’un des adversaires les plus résolus » à l’installation des compteurs Linky en France. Dans une vidéo vue près de 420.000 fois, Nicolas Dupont-Aignan s’en prend au coût du dispositif, assurant qu’il a représenté « 5,7 milliards d’euros » de « supplément de facture » pour les Français. Pire, ces nouveaux compteurs dureraient « quatre fois moins que les précédents », ajoute-t-il. Vrai « scandale financier » ou fausse information ? Nous avons vérifié.
Des coûts inférieurs et un programme réussi
Tout d’abord, celui qui a échoué à se faire élire aux dernières élections législatives se trompe sur le prix de l’opération. Si le déploiement de masse des compteurs était initialement évalué à 5,7 milliards d’euros, il a finalement coûté 4,6 milliards d’euros, d’après le dernier rapport de la Cour des comptes. Dans ses « observations définitives » (nouvelle fenêtre) publiées le 29 novembre dernier, la juridiction financière décrit au contraire un « programme industriel au succès reconnu par la plupart des acteurs ».
Toutes les autorités ont en effet veillé à ce que cette mise en place « ne se traduise pas par une augmentation immédiate du montant des factures d’électricité des consommateurs », rappelle la Cour des comptes. Pour ce faire, un mécanisme de financement tout à fait particulier a même été mis en place, en accord avec la Commission de régulation de l’énergie, afin que la prise en charge de ces coûts par les usagers « coïncide avec la réalisation des gains attendus du projet ».
Des bénéfices déjà visibles, d’après la juridiction, grâce à de nombreux effets. À savoir, la « diminution des coûts de relève et des petites interventions » et la réduction de certaines pertes « liées aux anomalies de comptage ou aux erreurs de facturation ». « Une part de ces gains a été rétrocédée aux consommateurs (nouvelle fenêtre) à travers la baisse du coût de certaines prestations », note la Cour des comptes. À titre d’exemple, parmi les 25 millions de prestations, plus d’un tiers auraient dû être facturées au consommateur. Désormais réalisables à distance, elles représentent un gain direct évalué à 83 millions d’euros depuis 2017.
Au total, le montant des gains pour le consommateur depuis le déploiement de Linky est évalué à 9,7 milliards d’euros par la Cour des comptes. Sans compter les modifications des pratiques. L’Agence de la transition écologique (Ademe) (nouvelle fenêtre) estime que les Français peuvent atteindre jusqu’à 10% d’économie sur leur facture d’électricité grâce au suivi plus précis de leur consommation en direct. Reste que dans son rapport, la Cour des comptes reconnait que tous ces gains « ne sont pas encore à la hauteur des prévisions initiales ». En cause, la crise énergétique et la flambée des prix en 2022.
Des « exigences de fabrication » similaires
Quant à l’idée selon laquelle ce gouffre financier serait accentué par un dispositif rapidement obsolète, nous n’avons trouvé aucune source allant dans ce sens. Auprès de TF1info, Enedis confirme que « les exigences de fabrication des compteurs Linky sont les mêmes que pour les anciens compteurs électriques ». Soit une durée de vie d’au moins 20 ans. C’est également le délai que nous avons retrouvé dans un guide à destination des consommateurs (nouvelle fenêtre)publiés en 2018 par Enedis. Si cette longévité reste encore à prouver pour Linky, les premiers contrôles d’échantillonnage réalisés sur les modèles déployés dès 2015 « confirment que les compteurs sont totalement opérationnels après dix ans », nous indique Enedis.
REPORTAGE – Avec la brigade anti-fraude d’EnedisSource : JT 13h Semaine
En résumé, et comme le souligne la Cour des comptes sans son bilan, ente la diminution des coûts de relève, la baisse des pertes techniques et la réduction des fraudes, « des bénéfices ont pu être constatés à l’issue de la phase de déploiement de masse » de ces nouveaux compteurs connectés, dont la longévité devrait être similaire à celle de leurs prédécesseurs. « Une partie de ces gains est immédiatement rétrocédée au consommateur ou au fournisseur. » Il est toutefois « encore trop tôt » pour dire avec certitude que cette tendance « couvrira l’ensemble des charges d’investissements à l’issue de la durée du programme ».
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