Michel Barnier a évoqué dans une interview la situation des finances publiques.
Le Premier ministre estime que la hausse de l’endettement public n’est pas imputable à son gouvernement et relativise l’impact des politiques menées depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron.
Les majorités successives de tous bords sont à blâmer, fait-il valoir, ajoutant que France et Allemagne affichaient des niveaux d’endettement comparables il y a 20 ans, ce qui est vrai.
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L’info passée au crible des Vérificateurs
S’il se sait plus que jamais sous la menace d’une motion de censure , Michel Barnier continue de défendre le budget porté par son gouvernement et les orientations budgétaires qui l’accompagnent. Dans un entretien au Figaro, le Premier ministre a été invité à réagir à une sortie de Bruno Le Maire : ce dernier a estimé (nouvelle fenêtre) que le dérapage du déficit public à 6,1% du PIB cette année était « le choix du gouvernement actuel ».
« Franchement, qui peut croire qu’un gouvernement en place depuis à peine plus de deux mois porte cette responsabilité ! », a lancé en réponse le pensionnaire de Matignon. Michel Barnier ajoute qu’il a également incité la gauche à ne pas mettre « le déficit sur le seul compte d’Emmanuel Macron ». Pourquoi faire preuve d’indulgence envers le chef de l’État ? Car cette dette publique « remonte à bien plus loin », insiste le chef du gouvernement selon qui, « il y a vingt ans, la dette française était équivalente à la dette allemande ».
Un décrochage français à partir de 2008-2010
Les données compilées (nouvelle fenêtre) par Eurostat permettent de vérifier la comparaison effectuée par le Premier ministre. Sur son site, l’institution propose de visualiser l’évolution de la dette publique brute de l’Allemagne et de la France au cours des dernières décennies, exprimée en pourcentage du PIB. Des chiffres qui permettent, une fois mis en forme, d’obtenir le graphique qui suit.
En 2003, sous la présidence de Jacques Chirac et alors que nos voisins étaient dirigés par le chancelier Schröder, les deux pays affichaient bel et bien un endettement comparable, respectivement à hauteur de 65 et 63% de leur PIB, tel qu’évoqué par Michel Barnier. Leur évolution a suivi une trajectoire assez proche jusqu’en 2007, avant qu’un écart se creuse avec la crise financière de 2008 . La décennie qui va suivre va voir la dette française s’aggraver, tandis que celle outre-Rhin a diminué de manière continue jusqu’au Covid.
En se basant sur les données 2023, la comparaison entre les deux pays n’apparaît pas reluisante pour la France, avec une dette équivalant à 109,9% de son PIB. En Allemagne, elle s’établit à 62,9% du PIB, 18 points en dessous de la moyenne des pays de l’UE.
Pour comprendre comment s’est accentuée la différence entre Paris et Berlin, il faut entre autres s’intéresser aux conséquences de la crise financière de 2008. Quand celle-ci s’est achevée, les Allemands ont adopté une réforme dite du « frein à la dette », résume (nouvelle fenêtre) Le Monde. Une disposition constitutionnelle défendue par les conservateurs et « qui corsète le déficit budgétaire à 0,35% du produit intérieur brut (PIB) hors effets de la conjoncture ».
Si ces dispositions sont aujourd’hui contestées et présentées par une partie de la classe politique allemande comme un frein à l’investissement, force est de constater qu’elles ont permis au pays de contenir son endettement, dans une période où il n’a cessé de progresser en France.
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