Un quart de point ou plus ? Il semble désormais acquis que la banque centrale américaine (Fed) annoncera mercredi, à l’issue de sa réunion, sa première baisse des taux depuis 2020, mais la vitesse de cet assouplissement reste incertaine.
Car alors que l’inflation rentre progressivement dans le rang, il est temps désormais d’empêcher le chômage de grimper à son tour. Et donc de commencer à abaisser les taux, qui pèsent sur l’activité économique.
Ceux-ci avaient été relevés pour juguler la flambée des prix, et se trouvent depuis juillet 2023 dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, leur plus haut niveau en plus de 20 ans.
Ce début des baisses de taux « a été clairement signalé par le président de la Fed (Jerome) Powell et d’autres » responsables, a commenté Lauren Saidel-Baker, économiste pour le cabinet de conseil ITR Economics, dans une note.
« La seule question désormais est l’ampleur » de cette baisse, ajoute-t-elle.
Le Fed publiera sa décision via un communiqué à 14H00 locales (18H00 GMT), puis Jerome Powell tiendra une conférence de presse trente minutes plus tard.
– « Inertie » –
Les responsables de la Fed pourraient jouer la prudence, afin d’éviter de faire repartir l’inflation, et opter pour une modeste baisse d’un quart de point (25 points de base).
Ou, inquiets à l’idée d’une dégradation rapide du marché de l’emploi et de l’économie américaine, ils pourraient frapper plus fort, et couper directement d’un demi-point (50 points de base).
Cette dernière option est désormais privilégiée par deux tiers des acteurs du marché, un tiers seulement envisageant une baisse timide, selon l’évaluation de CME Group.
Krishna Guha, économiste pour la société d’investissement Evercore, table ainsi sur un demi-point directement, qui serait présenté par la Fed comme « un +50 de départ+(…), et non comme le premier d’une série » de baisses de même ampleur.
Il n’exclut cependant pas une baisse d’un quart de point, « compte tenu de l’inertie du Comité, beaucoup préférant une approche progressive ».
Pour Greg Daco, chef économiste pour EY, c’est justement ce « caractère progressif (qui) prévaudra » parmi les membres du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC). Il s’attend donc à une baisse d’un quart de point seulement.
Quelle que soit la décision, la situation de l’emploi, mise de côté ces dernières années par les responsables de la Fed tant le marché du travail se portait bien, revient au cœur de leurs préoccupations.
La mission de la puissante Réserve fédérale américaine est en effet double: assurer stabilité des prix et plein emploi.
– « rééquilibre » –
« J’ai rééquilibré mon attention sur les deux côtés du double mandat pour la première fois depuis début 2021 », avait ainsi déclaré, début septembre, le président de la Fed d’Atlanta, Raphael Bostic, qui dispose cette année du droit de vote tournant au sein du FOMC.
L’inflation retourne progressivement dans les clous: l’indice PCE, que la Fed veut ramener à 2%, était resté stable en juillet, à 2,5% sur un an. Les données d’août seront publiées le 27 septembre.
L’indice CPI est lui tombé en août à son plus bas niveau depuis février 2021, 2,5% sur un an.
Quant au taux de chômage, il a reculé en août, à 4,2%, mais les créations d’emplois ralentissent.
« Ce qui compte le plus lors de cette réunion, c’est que les baisses de taux commencent enfin », souligne Lauren Saidel-Baker.
Les responsables de la Fed actualiseront également mercredi leurs prévisions pour l’économie américaine, en matière d’inflation, de PIB et de chômage. Ils diront aussi jusqu’où ils pensent abaisser les taux.
Il s’agira de leur dernière réunion avant l’élection américaine du 5 novembre, qui opposera l’ancien président républicain Donald Trump à la vice-présidente démocrate Kamala Harris. La suivante aura lieu immédiatement après le scrutin, les 6 et 7 novembre.
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