Ursula von der Leyen l’a répété, mercredi 4 septembre : dans les cent premiers jours de son second mandat, qui devrait commencer au plus tôt le 1er novembre, la présidente de la Commission présentera « une vision, une feuille de route pour l’agriculture ». Il faut, a-t-elle expliqué, « protéger la nature », tout en « assurant des revenus suffisants aux agriculteurs », auxquels elle promet d’alléger la charge bureaucratique.
L’universitaire allemand Peter Strohschneider lui a, dans la foulée, remis un rapport qu’elle avait commandé au début de l’année, quand les éleveurs et autres exploitants défilaient partout en Europe pour manifester leur colère. Fruit d’un « dialogue stratégique » entre tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire, mais aussi des scientifiques et diverses ONG environnementales, ce travail a permis de fédérer des intérêts souvent contradictoires autour de grands principes.
Sans entrer dans des détails qui risqueraient de raviver les oppositions, il prône, entre autres, une réforme structurelle de la politique agricole commune (PAC) mieux à même d’aider les exploitants qui « en ont le plus besoin » ; la création d’un « fonds temporaire pour une transition juste (…) en dehors de la PAC » pour accompagner le secteur vers plus de durabilité ; une plus grande cohérence entre les politiques commerciale et environnementale de l’Union européenne (UE) ; ou un étiquetage alimentaire donnant des indications sur le bien-être animal.
« Plus de confiance » et des « incitations plus fortes »
Ursula von der Leyen le sait, le sujet est à haut risque politique. Elle a encore en mémoire les défilés de tracteurs du mois de janvier, qui sont venus jusqu’à Bruxelles et l’ont contrainte, à quelques mois des élections de juin, à abandonner la plupart des dispositifs contraignants prévus pour verdir l’agriculture européenne et protéger l’environnement. La guerre en Ukraine, ses conséquences sur l’inflation et le ralentissement économique de l’Union, tout comme la montée annoncée des extrêmes droites partout en Europe ont convaincu les gouvernements européens de faire marche arrière. Mais si l’UE veut respecter l’accord de Paris et atteindre la neutralité carbone en 2050, elle ne peut se permettre d’exonérer l’agriculture de tout effort.
Dans ce contexte, l’ancienne ministre d’Angela Merkel cherche une voie de passage délicate entre les impératifs de sécurité alimentaire pour le Vieux Continent, de sécurité économique pour des agriculteurs qui sont souvent « les maillons les plus faibles de la chaîne agroalimentaire » et de « protection de la nature ». « Certains agriculteurs sont contraints de vendre systématiquement leurs produits en dessous de leur coût de revient, cela ne peut pas durer », a-t-elle poursuivi.
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