samedi, décembre 20

Pas (encore) de miracle de Noël pour Sébastien Lecornu. Alors que les appels à une « trêve de Noël » se multiplient après l’annonce du report de l’accord UE-Mercosur, les syndicats agricoles reçus ce vendredi 19 décembre à Matignon restent très partagés sur la suite des blocages pour protester contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine.

À la sortie de cette réunion de près de six heures autour du Premier ministre Sébastien Lecornu, les Jeunes Agriculteurs (JA) ont annoncé « observer une trêve de Noël ». Mais « à la rentrée, on va se revoir (…) parce que le compte n’y est pas », a toutefois averti leur président Pierrick Horel.

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À l’issue de cette réunion, d’autres syndicats agricoles n’étaient pas aussi affirmatifs. À l’instar de la Coordination rurale (CR), deuxième syndicat agricole en France et grand habitué des actions coup de poing en plus d’être le fer de lance de la contestation avec la Confédération paysanne dans le Sud-Ouest.

Son président Bertrand Venteau a appelé à la « bienveillance » pendant les fêtes sans pour autant demander la levée des barrages. Celui-ci préférant rappeler que chaque « Coordination rurale départementale est autonome ». « Je ne peux donc pas appeler à arrêter. Si pour eux, le sujet n’est pas réglé, chaque président départemental décidera », a-t-il ajouté. « La population est derrière nous, on ne peut pas se la mettre à dos », a ensuite nuancé Bertrand Venteau, qui demande aux agriculteurs mobilisés « d’aller se reposer » au moins quelques jours.

Il a également noté « une pointe d’espoir de trouver une solution avec le Premier ministre » début janvier pour arrêter « l’abattage total des troupeaux » infectés par la dermatose nodulaire contagieuse, déclencheur de la colère depuis une dizaine de jours.

Un courrier suffisant pour acter la trêve ?

Au moment où la gestion de cette crise sanitaire est toujours très critiquée par les professionnels du secteur bovin, la Confédération paysanne, troisième force syndicale, dit avoir vu « quelques ouvertures » mais sans « avancées vraiment pertinentes » par rapport aux propositions apportées par le syndicat, selon son porte-parole Stéphane Galais. En partant de ce constat, le syndicat dit aussi ne « pas pouvoir appeler à lever les blocages » sans engagement sur l’arrêt de l’abattage total. La décision « viendra du terrain », est-il précisé.

Coordination rurale (CR) et Confédération paysanne ont amplifié leurs blocages ces derniers jours, rejoints localement par des Jeunes agriculteurs (JA) et parfois des adhérents de la puissante FNSEA. De son côté, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a appelé à sa sortie de Matignon à une « trêve », conditionnée à un « courrier » promis « d’ici ce soir » avec « l’ensemble des intentions » du Premier ministre.

Dans ce courrier, consulté par l’AFP dans la soirée, Sébastien Lecornu annonce la mise en place d’un fond de soutien de 11 millions d’euros « pour faire face aux impacts économiques immédiats » pour les petits exploitants en difficulté. Concernant la levée de l’abattage total, le Premier ministre a indiqué qu’il s’en remettrait aux conclusions des échanges au sein du groupe de dialogue scientifique, soulignant le caractère « totalement inédit » de la situation.

« N’éliminer que les bovins présentant des symptômes fait courir un risque majeur de propagation du virus », écrit-il.

RDV en janvier

Un nouveau rendez-vous est désormais prévu autour du 8 janvier pour un travail sur « sa vision » et pour obtenir des « réponses d’ici le Salon de l’agriculture ».

Interrogée sur les blocages lors d’un déplacement dans les Yvelines, la ministre de l’agriculture a appelé à l’« apaisement ». « Par solidarité à l’égard des salariés, des commerçants, des petites entreprises, il faut que Noël puisse se faire », a déclaré Annie Genevard en fin de journée.

Quelques heures plus tôt, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon avait affirmé que l’exécutif « ne tolérera plus de nouveaux blocages » pendant les fêtes. À l’issue de la réunion du jour, le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez a fait état de 93 actions en France, avec 4 000 personnes et 900 engins agricoles mobilisés. Et pour lui, la « stratégie » est désormais « d’éviter de nouveaux blocages d’axes structurants », en passant « d’abord par la discussion », puis par « des déploiements de forces de l’ordre » quand « la discussion ne suffit pas », a-t-il fait avoir. « J’en appelle à la responsabilité des uns et des autres pour […] lever ces barrages » sur les autoroutes, a également insisté Laurent Nunez à quelques heures du début des vacances de Noël.

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