mercredi, décembre 4

La quatrième enquête scientifique sur la sexualité des Français, dont l’Inserm vient de faire connaître les résultats le 13 novembre, décrit un nouveau « paysage sexuel », plus lumineux, marqué par la puissance des luttes et des engagements des femmes pour faire valoir leurs droits et leur dignité. Véritable boussole pour une société en mutation, l’évolution des mentalités, constatée par les chiffres, vient confirmer ce que les cliniciens entendent en consultation.

Apparaissent en effet diverses transformations, tel un rapprochement des questions de santé sexuelle du respect des droits humains avec la diffusion des notions d’autonomie et de consentement. La conscience sexuelle individuelle s’étend avec une meilleure prise en compte du corps et des plaisirs qu’il permet d’éprouver. Enfin, certains tabous tombent, permettant une plus grande fluidité des orientations, des pratiques et des normes sexuelles.

La diversification des pratiques (masturbation, sexe oral, rapports anaux) à tous les âges, constatée par cette enquête scientifique, confirme également l’expérience des professionnels de la santé sexuelle : le rapport intime au corps dans un esprit de plus grande liberté est en pleine évolution. Exemple emblématique, la masturbation féminine a été décrite dans la littérature érotique, mais elle est longtemps restée dans l’enfer des bibliothèques.

La jouissance comme une expérience personnelle

Aujourd’hui, la masturbation n’est plus un tabou : 72,9 % des femmes en 2023 contre 42,4 % en 1992 déclarent l’expérimenter. Autrefois apanage des hommes, l’autoérotisme se dégage de la honte pour favoriser le plaisir pour soi et par soi. Et les demandes évoluent. Celles qui consultaient pour une difficulté de plaisir, de désir, pour des douleurs viennent maintenant pour mieux se connaître… Elles intègrent plus facilement cette dimension de l’autoérotisme comme une évidence de leur bien-être sexuel.

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L’autonomie que les femmes ont gagnée face à leur plaisir procède de la grande révolution survenue dans les années 1970 qui a permis la diffusion de la contraception et l’adoption de la loi sur l’avortement. Une distinction était alors établie entre la sexualité de procréation de celle de récréation.

Quarante ans plus tard, pour de nombreuses femmes, une étape décisive est franchie. Les diktats de la relation hommes-femmes fondés sur la domination et le modèle intériorisé du rapport sexuel « préliminaires-pénétration-éjaculation » apparaissent dépassés. S’installe dès lors une plus grande capacité à accepter la jouissance comme une expérience personnelle et transformatrice.

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