lundi, octobre 7

Joël Le Scouarnec aurait-il pu être arrêté avant? Certaines victimes recensées par la justice, 299 au total, et pour lesquelles l’ancien chirurgien est renvoyé devant une cour criminelle dans les prochains mois auraient-elles pu ne pas croiser le praticien? C’est la question qu’ont posé deux associations de protection de l’enfance à la justice en déposant plusieurs plaintes contre X il y a plusieurs mois.

Ces plaintes ont donné lieu à l’ouverture d’une enquête qui est toujours en cours, comme l’a confirmé le procureur de la République de Lorient lors d’une conférence de presse ce lundi matin consacrée au renvoi de Joël Le Scouarnec devant la cour criminelle du Morbihan pour 300 faits de viols et agressions sexuelles sur des patients dans les différents hôpitaux où il a exercé. Une enquête ouverte pour « abstention volontaire d’empêcher des crimes ou délits contre l’intégrité physique ».

Des témoignages attendus

En clair, la justice s’intéresse à d’éventuelles défaillances, voire responsabilités, qui auraient contribué à la poursuite du parcours criminel de Joël Le Scouarnec pendant 35 ans dans les différents hôpitaux où il était affecté. Pour ces investigations, le procureur de Lorient estime qu’il « demeure nécessaire d’attendre l’issue du procès à venir », à savoir le procès qui doit se tenir devant la cour criminelle du Morbihan au premier semestre 2025. Un procès lors duquel Joël Le Scouarnec sera interrogé mais aussi d’autres témoins ayant travaillé avec le chirurgien tout au long de son parcours.

Le procureur de la République a détaillé les éléments qui ont pu permettre à Joël Le Scouarnec un passage à l’acte massif, sur des années. Entre sédation des victimes, stratégies de dissimulation développées par Joël Le Scouarnec, furtivité de ses actes, le procureur met en évidence « la détermination du chirurgien à ne jamais se faire découvrir, préférant reporter certains passages à l’acte, voire y renoncer, plutôt que de risquer d’être confondu. Nous verrons ce que les témoins auront à déposer pendant le procès. »

« Défaillances des autorités »

Mais pour l’association Face à l’inceste, Joël Le Scouarnec a profité d’une « immunité incestueuse qui a fabriqué le monstre » alors que le chirurgien doit être rejugé en appel pour le viol et l’agression sexuelle de deux nièces. « Rien a été fait pour endiguer ça, ce pass immunitaire pour des actes incestueux a permis une systématisation des violences sexuelles sur des patients », développe Me Laure Boutron-Marmion, avocate de l’association.

À l’automne 2022, l’association a déposé une plainte à lecture des éléments soumis au secret de l’instruction. « Nous avons fait le constat amer d’une défaillance des autorités et des établissements hospitaliers qui ont contribué à la catastrophe d’aujourd’hui », poursuit l’avocate. France Info a révélé que les autorités sanitaires avaient été informées, un an après, de la condamnation en 2005 de Joël Le Scouarnec pour détention d’images pédopornographiques. Le praticien est accusé d’avoir commis des viols et agressions sexuelles jusqu’en janvier 2014.

Pour autant, aucune mesure n’avait été prise, ne serait-ce que pour empêcher que le chirurgien soit en contact avec des mineurs. « Les éléments du dossier d’instruction montrent que des informations avaient été portées à la connaissance de ceux qui auraient pu prendre des mesures et changer les choses », martèle encore Me Boutron-Marmion. Les investigations ne sont donc pas terminées et si elles établissaient d’éventuelles responsabilités, elles donneraient lieu à un nouveau procès.

Article original publié sur BFMTV.com

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