lundi, septembre 16

Un peu de stabilité dans un monde chaotique. La reconduction, jeudi 18 juillet, d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne va permettre d’assurer une certaine continuité dans l’orientation que les vingt-sept membres de l’Union européenne (UE) se sont fixée pour les cinq prochaines années. La présidente sortante a obtenu une majorité au Parlement européen qui était loin d’être acquise.

Les élections européennes du 9 juin, marquées par une poussée de l’extrême droite ainsi que par un recul des Verts et des libéraux de Renew, auraient pu fragiliser celle qui est devenue l’incarnation d’une Europe écologique de plus en plus contestée, symbole d’excès normatifs pour ses détracteurs. Malgré tout, Mme von der Leyen a obtenu une assise un peu plus large qu’en 2019 pour son premier mandat.

Cette stabilité a un prix. La dirigeante allemande a dû donner des gages à chacun des partis de sa majorité. Conservateurs du PPE, sociaux-démocrates, écologistes et libéraux ont visiblement trouvé leur compte dans des propositions rarement chiffrées et suffisamment générales pour convenir à un large spectre politique.

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Le concept de coalition qui semble si difficile à mettre en œuvre en France à l’Assemblée nationale a, une nouvelle fois, réussi à aboutir au niveau européen. Le fait que les élus français écologistes ou issus de la droite républicaine ne joignent pas leurs votes à ceux de leurs groupes respectifs au Parlement européen pour élire Mme von der Leyen ne fait qu’illustrer l’incapacité française à chercher des compromis. Ceux-ci permettent de faire avancer l’Europe. Il n’est pas trop tard pour que la France s’inspire de la méthode.

Ferme sur l’essentiel

L’habileté de la dirigeante allemande a consisté à dire à chacune des parties de sa majorité ce qu’elles avaient envie d’entendre. Le thème du libre-échange a été soigneusement évité pour ne pas contrarier les Français. Le renforcement de la sécurité des frontières a été évoqué pour rassurer la droite, mais sans beaucoup de précisions. Pour surmonter la grogne agricole de ces derniers mois, la présidente a promis une nouvelle stratégie qui reste à définir. Quant au nouvel objectif de réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2040, il est habillé dans une stratégie de compétitivité prompte à ménager les craintes de ceux qui s’inquiètent d’un décrochage de l’Europe face aux Etats-Unis.

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Si des ambiguïtés demeurent, il faut reconnaître à Mme von der Leyen le mérite de rester ferme sur l’essentiel. L’agenda climatique est ainsi réaffirmé, à commencer par sa mesure la plus emblématique, l’interdiction de la vente de véhicules à moteur thermique dès 2035. Le soutien à l’Ukraine reste indéfectible, assorti de la promesse de la construction d’une « Union européenne de la défense ».

Enfin, la présidente de la Commission a réitéré son attachement à l’Etat de droit en n’hésitant pas à critiquer le comportement de Viktor Orban, le premier ministre hongrois. Par ailleurs, la décision de Giorgia Meloni de ne pas appeler ses troupes parlementaires à la soutenir la libère de toute obligation envers Rome et Fratelli d’Italia, le parti postfasciste de la présidente du conseil italien.

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Le consensus obtenu devra toutefois faire la preuve de sa solidité au cours de la prochaine mandature. Il faudra lever les équivoques, tenir les promesses, chiffrer les engagements. La composition du collège de vingt-sept commissaires à l’automne sera un premier test pour juger de la cohérence de la politique européenne. Ursula von der Leyen doit garder en tête la célèbre phrase du cardinal de Retz : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. »

Le Monde

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