dimanche, mai 19

Le Sénat du Congrès des Etats-Unis a voté à une écrasante majorité (79 voix contre 18), le 23 avril, une aide militaire cruciale pour l’Ukraine, soumise à la pression de plus en plus menaçante de l’armée russe. Après la validation de cette aide par la Chambre des représentants, le 20 avril (311 voix contre 112), ce scrutin a mis en lumière ce que les vociférations de l’aile la plus radicale du Parti républicain, inconditionnelle de l’ancien président Donald Trump, étaient parvenues à masquer. Plus de deux ans après l’agression brutale dont le régime de Vladimir Poutine s’est rendu impardonnablement coupable, une nette majorité d’élus se refuse toujours à permettre, par une passivité complice, l’écrasement d’une nation.

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Il a fallu que Mike Johnson, le speaker (président) républicain de la Chambre, redécouvre les mérites de l’action au terme de six longs mois d’indécision pour que cette vérité se manifeste enfin. Certes, les voix républicaines de cette Assemblée ont été moins nombreuses (101) à approuver cette aide militaire qu’à s’y opposer (112), mais la marge est faible alors qu’il n’en a pas manqué une, par ailleurs, chez les démocrates.

Au Sénat, les républicains ont été bien plus nombreux (31 contre 15) à faire le choix de la solidarité avec un peuple bombardé nuit et jour plutôt que celui d’une lâche indifférence. Ces votes ont ainsi fait apparaître l’aile trumpiste pour ce qu’elle est aux Etats-Unis : une minorité recroquevillée dans une vision du monde s’arrêtant à leurs frontières.

Aléas politiques

Empêtré à New York dans son premier procès où le baroque le dispute au sordide (l’achat du silence d’une actrice pornographique à la veille de l’élection présidentielle de 2016), Donald Trump n’y a rien trouvé à redire. C’est pourtant lui qui a imposé cette longue hésitation, tout en prétendant être capable de faire la paix entre les deux belligérants en un jour alors qu’il n’y est pas parvenu en quatre ans. Car la guerre en cours a bien commencé en 2014 avec l’annexion unilatérale de la Crimée et l’appui russe apporté à des forces séparatistes du Donbass.

L’épilogue survenu le 23 avril n’effacera pas les doutes que les atermoiements du pays qui se définissait, il y a une génération, comme la « nation indispensable » ont nourris. Les Européens, les autres alliés cruciaux de Kiev, seraient bien avisés d’en conclure que ce déblocage enfin obtenu va surtout leur donner le temps nécessaire pour remettre enfin en ordre de marche une industrie de l’armement atrophiée par des décennies de sous-investissement. Car il ne s’agit d’ailleurs pas seulement de l’Ukraine, mais bien des capacités à se défendre indépendamment des aléas politiques susceptibles désormais de paralyser Washington.

Cette menace n’a pas disparu. L’élection présidentielle de novembre dira si la crise refermée par le vote du Congrès était conjoncturelle, ou bien si elle annonce, dans le sillage d’un éventuel retour de Donald Trump à la Maison Blanche, une remise en cause fondamentale de l’architecture d’alliances mise en place par les Etats-Unis au nom bien compris de leurs intérêts. Dans l’immédiat, le vote de cette aide constitue une bonne nouvelle pour une Ukraine qui en manque singulièrement depuis des mois. Puisse-t-elle faire taire les prédicateurs de défaite qui n’ont rien appris de la résistance exemplaire qu’oppose au maître du Kremlin une nation éprise de sa liberté.

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Le Monde

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