samedi, septembre 28

C’est un dossier sans corps, sans aveux, mais avec des indices suffisants pour la tenue d’un procès. Vendredi 20 septembre, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes a confirmé l’ordonnance de mise en accusation, rendue par un juge d’instruction en juin dernier, qui ordonne le renvoi d’une Australienne de 63 ans pour le « meurtre » de Florent Grégoire. Ce jeune Français a disparu en Andorre en 2016. Le procès devant une cour d’assises devrait se tenir dans les prochains mois.

Cela fait huit ans que les parents et proches de Florent Grégoire attendent des réponses. Le jeune homme de 28 ans, ancien ingénieur informatique, avait choisi de voyager. À l’été 2016, il avait quitté la région nantaise pour l’Espagne pour faire du woofing, ce mode de voyage consistant à travailler dans une ferme en échange du gîte et du couvert. En septembre de cette année-là, il passe quelques jours à la pension Roser.

Florent Grégoire avait prévenu sa famille qu’il serait de retour en France pour assister au mariage d’amis. Un mariage qu’il n’aurait pas manqué, assure son entourage. Mais depuis le 12 septembre 2016, ils n’ont plus de nouvelles de lui. Peu avant 13 heures ce jour-là, le jeune homme est filmé pour la dernière fois par une caméra de vidéosurveillance, puis il s’évapore.

« Les premières investigations sont laborieuses », estime un proche du dossier. « Il n’y a pas eu de meurtre depuis des années en Andorre et les autorités ne sont pas très actives. » Une situation qui va peser sur la suite de l’enquête.

Une compagne inconnue des proches

Très rapidement les proches de Florent Grégoire sont contactés par une femme, Ichsanna W., se présentant comme sa compagne. Il s’agit d’une Australienne, d’origine indonésienne, de 55 ans, expliquant être doctorante en architecture, et dont personne n’avait jamais entendu parler jusqu’alors. Mais elle l’assure, Florent va bien. En l’absence de nouvelles de leur fils, les parents signalent la disparition de leur enfant, entraînant l’ouverture d’une enquête.

Si en France, les autorités prennent au sérieux cette affaire, les autorités andorranes cessent rapidement les recherches se basant sur les déclarations d’Ichsanna W. assurant avoir régulièrement des SMS du jeune homme, sans toutefois pouvoir le joindre, ses appels étant renvoyés systématiquement vers la messagerie, dit-elle. En France, l’enquête révèle qu’une bonne partie des déclarations de la quinquagénaire sont fausses.

Déjà, la justice a pour acquis que les SMS et mails signés de Florent, et adressés à Ichsanna W., ont été « trafiqués », selon l’avocat des parents du jeune homme. « D’abord elle contacte les proches de Florent G. en disant qu’elle est sa compagne, leur fait croire qu’il va bien, puis va utiliser ses réseaux sociaux et son adresse mail en se faisant passer pour lui », développe Me Loïc Cabioch. « Elle reste sans explication sur le fait qu’elle ait pu leur faire croire certaines choses. »

Des comptes bancaires vidéos

Ichsanna W. est la seule à avoir vu partir Florent, en dehors des images de vidéosurveillance. Des photos des documents d’identité, du permis et de la carte bancaire du jeune homme ont également été retrouvées dans son téléphone portable. Clichés pris plusieurs jours après la disparition du jeune homme. Dans ces conditions, comment aurait-il pu quitter l’Andorre, comme elle l’a un temps expliqué aux enquêteurs?

Enfin, les comptes bancaires du jeune homme ont été vidés les semaines précédant sa disparition. Une attitude étrange pour celui qui vivait très modestement, selon son entourage. Trois opérations ont été réalisées le 9 septembre 2016. Au total, plusieurs milliers d’euros ont été retirés. « La famille n’a aucun doute sur son implication, il y a une forme de satisfaction à ce qu’elle ait pu être arrêtée », poursuit Me Cabioch.

Peu d’espoir

La quinquagénaire a pu être interpellée en effet en novembre 2019, à sa descente d’avion à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle à Paris. Deux jours plus tard, elle était mise en examen pour « enlèvement » et « séquestration » et placée en détention provisoire. En 2023, elle est également mise en examen pour « meurtre ». Depuis, elle a toujours nié toute implication dans la disparition de Florent Grégoire, comme nous l’a confirmé son avocat après la décision de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes.

Aujourd’hui, ce qui importe aux parents de Florent est « de savoir ce qui est arrivé à leur fils », constate leur avocat. Reste à savoir si Ichsanna W. acceptera de répondre aux questions de la cour d’assises, elle qui a été décrite comme « faisant en sorte de ne pas simplifier les choses et ne fournissant aucune réponse. » Le retard au début de l’enquête n’a également pas permis de fournir « des éléments pour déterminer un lieu où le drame se serait déroulé », conclut une source proche du dossier.

Article original publié sur BFMTV.com

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