- Les championnats du monde de gymnastique en Indonésie ont pris une tournure très politique avec la victoire de la championne russe Angelina Melnikova.
- Autorisée à concourir sous bannière neutre, l’athlète est accusée d’avoir apporté un soutien manifeste au conflit en Ukraine.
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Ukraine-Russie : l’espoir de négociations au point mort
C’est dans la capitale indonésienne Jakarta que les meilleurs gymnastes de la planète avaient rendez-vous. Une édition des championnats du monde sans des stars comme Simone Biles ou Rebeca Andrade, mais qui a tout de même attiré l’attention. En raison, notamment, de la participation d’une certaine Angelina Melnikova. La Russe de 25 ans, déjà sacrée en 2021, a obtenu une nouvelle médaille d’or cette semaine au concours général. Un sacre qui suscite de vives crispations puisque l’athlète originaire de Voronej (Russie) est accusée de déroger aux impératifs de neutralité imposés par la fédération internationale.
Elle a remporté une primaire du parti « Russie unie »
Si le titre mondial de la Russe fait grincer des dents, ce n’est pas en raison des qualités sportives indéniables affichées par Angelina Melnikova, mais plutôt à cause du statut d’athlète « neutre » dont elle se revendique pour prendre part aux compétitions internationales. Selon les critères de la fédération internationale de gymnastique, les sportifs russes et biélorusses ne doivent pas être affiliés à des institutions étatiques, militaires ou liées à la sécurité dans leur pays d’origine, ni avoir de soutien public envers la guerre en Ukraine. Par ailleurs, ils sont censés afficher une forme de neutralité politique.
Si la championne du monde a été incluse à la liste (nouvelle fenêtre) des « athlètes individuels neutres » (AIN), sa sélection est vivement dénoncée en Ukraine. En septembre, la délégation envoyée par Kiev aux Internationaux de France à Paris s’était d’ailleurs retirée pour protester contre la présence de la Russe. La branche du renseignement du ministère de la Défense ukrainien l’inclut dans ce qu’elle nomme le groupe des « champions de la terreur »
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La liste des griefs à son encontre est dense, à commencer par son appartenance au club omnisports du CSKA, directement affilié au ministère russe de la Défense. Ce n’est pas tout : Angelina Melnikova est accusée de soutenir le conflit initié par Moscou. Sur des photos postées sur les réseaux sociaux, elle a par exemple mis en avant (nouvelle fenêtre) la lettre Z, devenue un symbole pro-guerre côté russe (nouvelle fenêtre). On lui reproche aussi d’avoir pris part à des événements caritatifs visant à soutenir des familles de soldats mobilisés ou tués sur le front.
L’entrave considérée comme la plus grave aux principes de neutralité concerne l’engagement politique de la gymnaste. En avril 2025, elle a déclaré sa candidature aux primaires de Russie unie pour les élections à la Douma (le Parlement russe) dans la ville de Voronej. Elle est arrivée en tête, sans toutefois adhérer officiellement au parti de Vladimir Poutine. Au cours de l’été, la championne du monde avait finalement annoncé son retrait, confiant ne pas pouvoir concilier des entraînements de haut niveau et la participation à une campagne électorale.
Si les sportifs russes ne sont pas autorisés à concourir sous les couleurs de leur pays et que leur hymne national n’est pas joué en cas de victoire, la présence d’Angelina Melnikova et ses succès interrogent sur l’attitude des instances sportives et sur leur potentielle complaisance à l’égard de Moscou. En cours d’année, la fédération internationale de gymnastique a ainsi assoupli (nouvelle fenêtre) les critères pour bénéficier d’une affiliation au statut AIN, ce qui a eu pour conséquence d’augmenter de manière très nette la taille du contingent russe autorisé à concourir dans les épreuves officielles du circuit mondial.










