samedi, mai 18
Le palais de justice de Paris, le 5 septembre 2023.

Etonnante coïncidence : pour la deuxième fois en moins d’un mois, il est question devant la justice de l’ETA, le groupe armé indépendantiste basque qui a renoncé à la lutte armée en 2012 et s’est autodissous en 2018. Malgré tout ce temps passé, les rémanences judiciaires des années de plomb basques ne sont pas terminées.

S’il fallait une preuve que le temps de la justice n’est pas le même que celui de la vie politique et locale, le procès d’Egoitz Urruticoechea en est un bon exemple. Il devait être jugé jeudi 25 avril après-midi devant la cour d’appel de Paris pour des faits remontant à 2005. Accusé d’appartenance à Euskadi ta Askatasuna (ETA, « Pays basque et liberté »), considéré comme une organisation terroriste par la justice française, il encourt jusqu’à dix ans de prison.

Comment expliquer un tel délai entre les faits reprochés et l’audiencement de cette affaire ? C’est une longue histoire qu’il faut commencer par le fait qu’Egoitz Urruticoechea, aujourd’hui âgé de 49 ans, est le fils de Josu Urruticoechea Bengoetxea, alias Josu Ternera, militant historique de l’ETA. Ce dernier a joué un rôle actif en 2004-2005 dans les discussions internes au groupe terroriste ayant abouti à un cessez-le-feu permanent, décrété en mars 2006. C’est ce que les militants basques appellent le « processus de Genève ». La trêve est rompue dès décembre 2006 par un attentat spectaculaire à l’aéroport de Madrid-Barajas.

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Le fils, Egoitz, dément toute appartenance à l’ETA, mais assume son militantisme politique chez Batasuna, parti indépendantiste basque d’extrême gauche, et se dit sympathisant de la cause basque. C’est à ce titre qu’il dit avoir participé au processus de Genève, comme intermédiaire et courrier pour des individus vivant dans la clandestinité, dont son père. Pour la justice, l’appartenance présumée d’Egoitz Urruticoechea à l’ETA se fonde sur les traces de sa présence dans trois « appartements conspiratifs » occupés par l’organisation, entre 2003 et 2005.

« Epée de Damoclès »

Chacune de ces présences − en 2003 à Bordeaux, au printemps 2005 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne) et en 2005 à Vichy (Allier) −, attestées par des empreintes, des prélèvements ADN ou des contrats de location passés sous une fausse identité, a donné lieu à une procédure distincte. Le passage par l’appartement de Bordeaux a débouché sur un jugement par défaut en 2007, celui de Villeneuve-sur-Lot à un jugement en absence en 2009 et celui de Vichy à un nouveau jugement par défaut, en 2010. Le parquet a fait appel de la condamnation à deux années de prison pour l’affaire vichyssoise. La cour d’appel le condamne, la même année, à six ans de prison. Le total cumulé de ces condamnations s’élève à quatorze années de détention.

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