vendredi, octobre 18

Un homme atteint d’autisme attendait son exécution imminente jeudi dans le sud des Etats-Unis pour la mort de sa fille en 2002, attribuée au syndrome du bébé secoué, malgré les sérieux doutes apparus depuis sur ce diagnostic.

Par ailleurs, Derrick Dearman, 36 ans, condamné pour avoir tué en 2016 cinq personnes à coups de hache et par balles, a été exécuté dans la soirée au pénitencier d’Atmore, en Alabama, a annoncé le procureur de l’Etat dans un communiqué.

La Cour suprême des Etats-Unis à majorité conservatrice a rejeté la demande de sursis de Robert Roberson, 57 ans, condamné pour la mort de sa fille, Nikki. Mais l’incertitude planait toujours en fin de journée sur son exécution, prévue au pénitencier de Huntsville, au Texas.

Dans un avis joint à cette décision, l’une des trois juges progressistes, Sonia Sotomayor, affirme qu' »un sursis permettant l’examen des éléments crédibles en faveur de l’innocence de Roberson est impératif » mais reconnaît que la cour ne peut juridiquement le lui accorder. Elle recommande donc que le gouverneur républicain de l’Etat, Greg Abbott, use de son pouvoir de reporter l’exécution de 30 jours.

Mais parallèlement, une juge du Texas a fait droit in extremis à une demande d’une commission de la Chambre des représentants du Texas de convoquer Robert Roberson pour une audition sur la validité de sa condamnation. Le procureur de l’Etat a fait appel afin que l’exécution ait lieu comme prévu.

Avec celle de Derrick Dearman, 20 exécutions ont été réalisées aux Etats-Unis depuis le début de l’année, toutes par injection létale à l’exception de deux en Alabama par inhalation d’azote, une méthode que l’ONU a comparée à une forme de « torture ».

Les défenseurs de Robert Roberson font valoir que le diagnostic du syndrome du bébé secoué, établi en 2002 à l’hôpital où il avait amené sa fille aux urgences dans un état critique, était erroné.

De plus, son autisme, finalement diagnostiqué officiellement en 2018 et interprété comme une indifférence à la situation, a pesé lourd dans sa condamnation, selon eux.

– « Chercher un coupable » –

« Il n’y a pas eu de crime, seulement la mort tragique de causes naturelles d’une petite fille », affirmaient les avocates de Robert Roberson dans leur recours devant la Cour suprême.

Elles s’appuient notamment sur des analyses médicales récentes imputant la mort de Nikki à une grave pneumonie, non détectée à l’époque, aggravée par la prescription de médicaments inadaptés, comme en attestent dans une lettre 34 médecins.

L’ancien policier Brian Wharton, chargé du dossier à l’époque et qui défend depuis des années l’annulation de la condamnation, a de nouveau regretté mardi que l’enquête se soit concentrée sur la piste du syndrome du bébé secoué « à l’exclusion de toutes les autres possibilités ».

« Nous cherchions un coupable, nous lui avons collé cette étiquette et nous l’avons fait tenir sur une pseudo base scientifique », a-t-il reconnu.

Les partisans de Robert Roberson invoquent également une décision de la cour d’appel du Texas qui la semaine dernière dans une affaire similaire a annulé une condamnation de 2000 sur la base du syndrome du bébé secoué, considérant que l’analyse scientifique avait évolué depuis, et ordonné un nouveau procès.

Il s’agirait de la première exécution aux Etats-Unis d’une personne condamnée sur cette base, selon eux.

« Le plus étonnant dans le cas de Robert », c’est qu’il n’y a « pas de crime », s’est indigné en septembre lors d’une conférence de presse l’auteur de polars à succès John Grisham, ancien avocat et militant de la lutte contre les erreurs judiciaires.

Mais la commission des grâces du Texas a rejeté mercredi à l’unanimité les demandes de commutation de sa peine et de sursis à son exécution de 180 jours. Le gouverneur Abbott ne pourrait en conséquence lui accorder au maximum qu’un sursis de 30 jours.

La demande de clémence en faveur de Robert Roberson est soutenue par 86 élus de la Chambre des représentants du Texas, dont plus d’un tiers de républicains.

mva-sst/eml

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