samedi, mai 18
Des réfugiés syriens au centre de santé pour migrants de Makam, à Sanliurfa (Turquie), le 17 octobre 2023.

Au plus fort de la crise migratoire, en 2015, le président français François Hollande avait dit « nous avons besoin de la Turquie, elle accueille beaucoup de réfugiés ». Neuf ans plus tard, la situation n’a pas changé, sinon que le nombre de migrants arrivés sur le territoire de l’Union européenne a drastiquement baissé. L’accord négocié à l’initiative de l’ancienne chancelière allemande Angela Merkel entre Bruxelles et Ankara avait fixé une enveloppe de 6 milliards d’euros pour l’aide aux réfugiés syriens se trouvant en Turquie, en échange d’une promesse de ralentissement de la migration irrégulière et des « réadmissions », autrement dit des renvois, volontaires si possible, contraints si nécessaire.

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L’accord, entré en vigueur le 20 mars 2016, a entraîné le versement de deux tranches, auxquelles est venue s’ajouter en 2023 une allocation supplémentaire de 3 milliards d’euros. Le signe évident de l’importance prise par le thème de l’immigration dans les campagnes électorales à travers l’UE, mais aussi une manière de souligner les défis de taille auxquels doit faire face la Turquie.

Avec une population totale de quelque 87 millions de personnes, le pays accueille, à ce jour, 4 millions de réfugiés enregistrés, dont plus de 3,2 millions d’origine syrienne et plus de 320 000 provenant d’Afghanistan, d’Irak et d’Iran. Etant donné que moins de 5 % de ces réfugiés vivent dans des camps, leur présence a eu et continue d’avoir des répercussions considérables sur les communautés locales, en particulier dans les provinces proches de la frontière syrienne et autour des principaux centres urbains.

Projets perturbés par le séisme

C’est dire si le rapport de la Cour des comptes européenne sur la gestion de ces fonds était attendu. Un premier audit a eu lieu en 2018, et rien depuis. Le document, rendu public mercredi 24 avril, dresse une longue liste d’observations et de recommandations sur quatorze projets de développement (sur quarante-sept) en fonction de leur importance et de leurs champs d’action, allant du soutien socio-économique à la santé et aux infrastructures. Il ressort de ce tableau un bilan mitigé.

Si l’aide représente un plus pour les réfugiés et les communautés d’accueil turques, notent les membres de la Cour, « son impact est encore incertain ». Les projets financés accusent de nombreux retards et leur pérennité n’est pas assurée. « Dans un contexte politique difficile, l’aide européenne a fourni un soutien adéquat aux réfugiés et aux communautés d’accueil, affirme Bettina Jakobsen, membre de la Cour et responsable de l’audit. Mais l’utilisation des ressources pourrait être optimisée et leur impact, accru. De plus, il est difficile de savoir ce qu’il adviendra des projets en Turquie lorsque l’aide de l’UE aura pris fin. »

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