mardi, novembre 5

« Désormais, il semble vraiment qu’il faille parler du président Donald Trump, et les marchés sont en chute libre. Quand peut-on espérer qu’ils se rétablissent ? Franchement, j’ai du mal à m’en soucier, même si c’est ma spécialité. Le désastre pour l’Amérique et le monde a tellement d’aspects que les ramifications économiques figurent en bas de ma liste de choses à craindre. Pourtant, j’imagine que les gens veulent une réponse : si la question est de savoir quand les marchés vont se redresser, une réponse immédiate est : jamais. »

Jamais on ne se lassera de republier la chronique écrite par le Prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman, pour le New York Times peu après minuit, quand l’élection de Donald Trump fut acquise après le scrutin du 8 novembre 2016. En réalité, il ne fallut pas une journée pour que Wall Street, qui était effectivement en chute libre pendant la nuit, se redresse et finisse dans le vert. La morale, huit ans plus tard, en cette veille d’élection où Donald Trump est de nouveau candidat : d’abord, le premier mandat de Donald Trump, fut, jusqu’au Covid-19, un succès avec croissance, plein-emploi et remontée – enfin – des plus bas salaires. Ensuite, il est des plus difficile de préjuger de la réaction des marchés.

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La leçon a été retenue si l’on en croit quelques informations glanées auprès de mathématiciens de Wall Street, les fameux quants, qui élaborent les modèles boursiers. Leur scénario : le marché va swinguer. On ne sait si c’est à la hausse ou à la baisse ; on ne sait dans quelle direction, selon que Trump ou Harris l’emportera. Mais il va bouger, et il y a sûrement un moyen de se faire de l’argent sur le dos des gogos qui vont paniquer ou s’enthousiasmer à l’excès. A long terme, l’idée est que le marché va revenir dans son lit, avec une forte croissance, un atterrissage en douceur, un développement de la tech américaine toujours aussi impressionnant. Voilà pour le scénario rose.

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En réalité, l’élection d’aucun des deux candidats n’est, cette année, avantageuse pour Wall Street. Kamala Harris, c’est une remontée promise de l’impôt sur les sociétés de 21 % à 28 %, davantage de régulations défavorables aux marges mirobolantes que se font les entreprises américaines sur le dos du consommateur. Bref, moins de profits, mais une économie plus stable et plus ouverte.

La conjonction optimale

Chez Trump, c’est un peu la folie qui s’annonce. Le républicain a promis d’imposer 10 % de droits de douane sur toutes les importations, d’expulser des centaines d’immigrés sans titre de séjour permanent. La manœuvre sera mise en place très sérieusement dès le 20 janvier 2025, ne serait-ce pour crédibiliser les menaces de Donald Trump. Rien à voir avec les gesticulations de son premier mandat autour du mur qu’il fut incapable d’achever le long du rio Grande – le travail avait été fait par Bush et Obama – ou les droits de douane sur l’acier et les produits chinois. Le programme va renchérir les prix, désorganiser l’économie et aggraver la pénurie de main-d’œuvre. C’est une autoroute pour l’inflation, dont les Etats-Unis s’étaient enfin débarrassés.

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