samedi, octobre 12

Donald Trump a encore diabolisé les migrants vendredi, en promettant que son éventuel retour à la Maison Blanche signerait la « libération » d’une « Amérique occupée », en contraste total avec sa rivale Kamala Harris et son opération séduction auprès des électeurs centristes.

« Aujourd’hui, l’Amérique est connue dans le monde entier comme l’Amérique occupée. Nous sommes occupés par une force criminelle », a lancé le milliardaire républicain à une foule enthousiaste dans le Colorado.

Le 5 novembre, date de la présidentielle, « sera le jour de la libération de l’Amérique », a-t-il ajouté, sous les acclamations.

Le tribun de 78 ans avait choisi son décor pour un discours quasiment entièrement focalisé sur l’immigration, destiné à marteler sa promesse de « déportations massives »: Aurora, petite ville de l’Ouest américain qu’il dépeint faussement depuis des semaines comme une cité où des migrants clandestins auraient « pris le pouvoir ».

Kamala Harris est une « criminelle », qui « a importé une armée d’étrangers illégaux membres de gangs et de migrants criminels des donjons du tiers-monde », a-t-il fustigé. « Ici, nous en avons l’exemple le plus éclatant. »

Aurora a défrayé la chronique cet été à cause d’une vidéo diffusée en boucle par la sphère trumpiste, où l’on voit des latino-américains en armes forcer des appartements.

Elle est depuis présentée par M. Trump et ses alliés comme une « zone de guerre ». Au grand désespoir du maire de la ville, Mike Coffman, lui-même républicain.

L’élu local a rappelé à de multiples reprises qu’une poignée d’incidents avaient été montés en épingle. Cette semaine encore, il a déclaré que « les inquiétudes concernant l’activité des gangs vénézuéliens ont été largement exagérées » et qu' »Aurora est une ville très sûre ».

Mais cela n’empêche pas Donald Trump d’affirmer que les arrivées massives à la frontière sous l’administration Biden-Harris ont provoqué une vague de criminalité aux Etats-Unis – ce qu’aucune statistique officielle ne montre.

– « Ennemi de l’intérieur » –

M. Trump a agité vendredi la menace d’un « ennemi de l’intérieur ». En septembre, il avait repris à son compte des mensonges selon lesquels des migrants haïtiens mangeaient des chiens et des chats dans l’Ohio.

En meeting dans le Nevada (sud-ouest) vendredi soir, Etat où les casinos ont fermé pendant la pandémie, il a saupoudré son message d’arguments économiques, en rappelant son projet d’exonérer les pourboires d’impôts.

Mais il n’a pas fait de mystère sur sa stratégie.

Les stratèges politiques « disent que le plus important est l’économie et l’inflation, et que la deuxième chose importante est la frontière et l’immigration. Je crois que c’est peut-être l’inverse », a-t-il lâché.

A contrario, Kamala Harris parie sur le fait que l’élection se gagnera en faisant basculer certains modérés de son côté.

En meeting en Arizona (sud-ouest), la vice-présidente a poursuivi son offensive auprès des républicains qui répugnent à soutenir l’ancien président.

Elle a promis de nommer un ou une ministre de leur parti en cas de victoire, et de créer à la Maison Blanche un conseil mixte, avec des démocrates et des républicains, sur lequel s’appuyer.

« J’aime les bonnes idées d’où qu’elles viennent! » a-t-elle lancé.

Mme Harris reste au coude-à-coude dans les sondages avec son rival, notamment dans les sept Etats clés qui feront basculer l’élection.

Pour mieux labourer ces « swing states », mais aussi pour mobiliser l’électorat masculin, auprès duquel Donald Trump est plus populaire, la vice-présidente a recours à des poids lourds de son parti.

Barack Obama ira prochainement en Arizona et dans le Nevada. Jeudi en Pennsylvanie, l’icône démocrate a tancé ses « frères » noirs tentés par Donald Trump, qui confondent le machisme avec la force et n’aiment « pas l’idée d’avoir une femme à la présidence ».

– Harris multiplie les interviews –

Un autre ancien président démocrate, Bill Clinton, va lui faire campagne en Géorgie (sud-est) pour la vice-présidente.

Mme Harris qui a jusqu’ici ciblé les classes moyennes dans sa campagne, multiplie les interviews ces derniers jours. Vendredi, elle s’est aussi affichée en Une du magazine Vogue, institution de la mode.

La vice-présidente doit se rendre ce week-end en Caroline du nord (sud-est) puis lundi en Pennsylvanie (nord-est).

Donald Trump sera lui en Arizona dimanche, un autre « swing state ».

Au-delà des Etats pivots, l’ex-président tient aussi à s’afficher en terre démocrate, pour l’honneur.

On le verra samedi en Californie à Coachella, localité connue pour son festival de musique, avant un meeting fin octobre dans la plus emblématique des salles de New York, le Madison Square Garden.

hg-rfo/mdz

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