L’Agence de la biomédecine lancera mi-septembre un tour de France pour sensibiliser les femmes au don d’ovocytes.
Depuis l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, les donneuses sont trois fois moins nombreuses que les receveuses.
En cause, des démarches souvent jugées complexes et des idées reçues décourageant le don.
Rennes, Lille, Lyon, Toulouse… Dix villes françaises vont accueillir, entre le 18 septembre et le 11 octobre, un bus itinérant de l’Agence de biomédecine. Le but : inciter les femmes à faire un don d’ovocytes, alors que les demandes ont explosé depuis l’évolution de la loi de bioéthique en 2021, ouvrant la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Elles sont pourtant trop peu nombreuses en France à donner leurs gamètes.
24 mois : c’est le délai d’attente moyen pour recevoir un don d’ovocytes. L’Agence de biomédecine estime en effet qu’il y a trois fois plus de demandes que de donneuses. Si les dons de spermatozoïdes est globalement connu, même s’ils sont là aussi insuffisants, les démarches pour donner ses ovocytes sont souvent jugées trop compliquées. En 2023, elles étaient seulement 890 à avoir effectué ce geste.
Une hospitalisation d’une journée
Le site officiel de l’administration française rappelle les conditions à respecter : « Toute femme âgée de 18 à 37 ans et en bonne santé, ayant eu ou non des enfants, peut donner ses ovules. » La démarche est gratuite et anonyme. Les examens doivent être réalisés au sein d’un Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humain (Cecos). Il en existe 29 en France, dans les principales villes du pays, mais nombre de départements n’en disposent pas, obligeant parfois les femmes volontaires à parcourir des dizaines, voire des centaines, de kilomètres.
Si les frais médicaux sont totalement remboursés par l’Assurance maladie, le prélèvement s’effectue lui en hospitalisation de jour. Les donneuses doivent ainsi se rendre plusieurs fois au Cecos et se rendre disponible une journée entière. Ces contraintes découragent donc souvent les femmes.
Une rémunération de 1100 euros en Espagne
Une autre raison explique la pénurie d’ovocytes : le manque de diversité des donneuses. « Elles doivent pouvoir refléter la diversité de notre société », précise l’Agence de la biomédecine sur son site, poursuivant « Lorsque les couples ou la femme seule le souhaitent, dans la mesure du possible, l’attribution des gamètes peut tenir compte de leurs caractéristiques physiques (couleurs de la peau, des yeux, ou encore des cheveux par exemple), mais cela peut conduire à des délais d’attente plus longs ». Les donneuses d’origine africaine ou asiatique sont par exemple particulièrement rares, alors que la plupart sont de « type caucasien ».
La France fait aussi face à une concurrence à l’extérieur de ses frontières, en Espagne. Là-bas, le don est un acte rémunéré à hauteur de 1100 euros environ. Ce dédommagement est totalement interdit en France pour des raisons éthiques. Les critères d’âge sont aussi plus souples, certaines cliniques privées acceptant des donneuses jusqu’à l’âge de 50 ans.
Via son tour de France et sa campagne #FaitesDesParents, l’Agence de biomédecine espère ainsi attirer particulièrement les étudiants : « Nous irons chercher les jeunes dans les endroits où ils sont, dans les facs, dans les quartiers sympas de centre-ville », a expliqué à l’AFP Marine Jeantet, directrice générale de l’Agence. Reste à savoir si cette campagne de sensibilisation sera réussie ou non.