Dès sa deuxième saison en NBA, Victor Wembanyama multiplie les cartons statistiques et s’affirme comme l’un des meilleurs joueurs de basket de la planète.
Mais le joueur des Spurs n’est pas le seul « seven footer » (plus de 2,13 m) français à faire parler de lui outre-Atlantique.
Du haut de ses 19 ans et malgré contexte collectif délicat, Alexandre Sarr montre également qu’il faudra compter pour lui à l’avenir.
Rudy Gobert, Nicolas Batum, Guerschon Yabusele, Bilal Coulibaly, Zaccharie Risacher et bien sûr Victor Wembanyama… Qu’ils soient des grognards ou de la nouvelle génération, de nombreux joueurs français arpentent actuellement les parquets de la NBA, assurant un avenir radieux au basket tricolore. S’il n’est pas le premier nom couché sur la feuille au moment d’évoquer cette relève, leur compatriote Alexandre Sarr n’en réussit pas moins des débuts convaincants dans la « Grande ligue ».
Âgé de seulement 19 ans, le pivot s’est déjà imposé comme le titulaire au poste aux Washington Wizards. Solide en attaque et en défense, il pointe en moyenne à 12 points, 6,5 rebonds, 2,3 passes décisives et 1,6 contre par match. Le natif de Bordeaux reste même sur deux prestations particulièrement abouties contre les New Orleans Pelicans, avec deux « double double » (au moins dix unités dans deux catégories statistiques, en l’occurrence les points et les rebonds, ndlr). Désormais bien acclimaté à sa nouvelle équipe, le basketteur tricolore monte clairement en puissance. L’occasion d’apprendre à connaître ce phénomène en devenir.
Un profil très rare avec « beaucoup de potentiel »
Alexandre Sarr est sélectionné en deuxième position de la draft 2024 (loterie lors de laquelle soixante jeunes prospects sont attribués à des équipes NBA, ndlr), juste derrière son compatriote Zaccharie Risacher. Sa nouvelle franchise, les Wizards de Washington, est alors convaincue par son profil hors du commun. Listé à 2,13 m pour 93 kg par le site officiel de la NBA, le jeune homme possède les mensurations idéales pour évoluer de pivot. Particulièrement mobile pour sa taille, explosif sur les appuis et dissuasif près du cercle, il possède déjà tous les attributs du défenseur moderne. À cela s’ajoutent une excellente technique et un bon toucher de balle. Les promesses affichées au tir, malgré une irrégularité tout à fait logique pour son âge, complètent le tableau d’un futur pivot complet et capable d’espacer le terrain.
Le coach des Wizards, Brian Keefe, voit dans son jeune joueur « beaucoup de potentiel », mettant l’accent sur « sa polyvalence ». « Il apporte des deux côtés du terrain, surtout en défense. Il peut défendre sur tous les postes. Il a les qualités pour marquer de n’importe où », déclarait-il avant le début de la saison. « Ce qui m’impressionne, c’est sa lecture du jeu. C’est un bon passeur. On veut lui donner la balle dans les mains pour qu’il fasse le jeu, pour lui et pour les autres », avait-il encore déclaré.
Un mordu de basket dès l’enfance
Tombé amoureux du basket dès le plus jeune âge, Alexandre Sarr affiche rapidement d’excellentes prédispositions pour ce sport. Associées à des attributs physiques rares – il mesurait déjà plus de 2 mètres à 14 ans –, elles sont bonifiées par la capacité à répéter les efforts de ce bourreau de travail. « C’étaient des mordus. Alexandre et Olivier (son frère, ndlr) étaient toujours fourrés à la salle », plaisante dans les colonnes de France 3 Régions Gilles Gombeau, le président de l’Union Sportive Bouscataise Basket-ball, l’un des premiers clubs du jeune homme en banlieue bordelaise. « Il était toujours dans l’intensité et dans le travail, car c’est quelqu’un de très besogneux », abonde Bernard Faure, l’un de ses entraîneurs en équipe de France U16, U17 et U19, auprès du média Be Basket.
Alvaro Marsan, qui a également coaché le Français quelques années plus tard, en U15, au Toulouse Olympique Aérospatial Club (TOAC), parle, lui, d’un « gamin avec beaucoup de talent et avec un physique impressionnant, un joueur très différent des autres ». « Il mesurait 2,05 m à 14 ans et pouvait dégainer à 3-points après un dribble entre les jambes (rires), donc clairement pas le type de joueur qu’on croise tous les jours », continue le technicien, contacté par Be Basket.
Après avoir effectué le début de son cursus dans l’Hexagone, la pépite intègre le centre de formation du Real Madrid à seulement 14 ans, avant de s’exporter pour se donner le maximum de chances. Il effectue ainsi deux saisons en Overtime Élite, une ligue américaine pour les 16-20 ans, avant de prendre la direction de l’Australie et de la NBL. Malgré son jeune âge, il se fait sa place chez les Wildcats de Perth, une équipe professionnelle qui a atteint la finale de son championnat domestique.
Un frère qui évolue aussi au plus haut niveau
Désormais, Alexandre Sarr suit les pas de son frère Olivier, qui évolue également en NBA, avec l’ambition de le dépasser. S’il n’a pas véritablement réussi à faire sa place, ce dernier, arrivé sur la pointe des pieds aux États-Unis sans avoir été drafté, a déjà disputé 46 matchs avec le Thunder d’Oklahoma City. Malheureusement, gravement blessé, il n’a pas joué cette saison.
Cela n’empêche pas l’aîné d’avoir joué un rôle considérable dans l’arrivée du cadet au plus haut niveau. Aujourd’hui encore, Alexandre se nourrit des conseils d’Olivier, parfaitement familier avec les exigences de la Grande Ligue et la difficulté de s’y imposer après trois exercices à multiplier les aller-retours entre l’équipe première et celle de G-League (formation de développement, ndlr). « Olivier m’apporte énormément de choses. C’était déjà le cas avant que j’arrive en NBA. Après chacun de mes matchs, on débriefe ensemble, il me donne beaucoup de conseils. J’apprends de son jeu, et lui aussi apprend un peu du mien. On essaye de se faire progresser mutuellement », soulignait-il à plusieurs médias, en novembre dernier.
Le néo-« sorcier » (la traduction française de wizards) peut aussi compter sur le tutorat de son père Massar, également basketteur professionnel en son temps. « En grandissant, à la maison, je ne voyais que du basket, il y avait des ballons de basket partout », plaisante-t-il. De quoi bien l’accompagner vers les sommets qu’il espère tutoyer.