D’après la récente étude « Les Français et l’information » publiée par l’Autorité de régulation de la communication (Arcom) en mars, plus de neuf Français sur dix déclarent s’intéresser à l’information et en consommer quotidiennement. Mais comment s’informent-ils et par quels canaux ? Premier constat : la télévision demeure le média de référence, avec plus de 66 % des Français la regardant chaque jour pour s’informer et 80 % au moins une fois par semaine.
Les journaux télévisés restent une source incontournable, rassemblant en moyenne 22 millions de téléspectateurs chaque jour. La radio arrive en deuxième position, avec 51 % des Français l’écoutant quotidiennement et 67 % au moins une fois par semaine, suivie des moteurs de recherche (Google, Safari) et des réseaux sociaux, avec respectivement 49 % et 47 % d’usagers quotidiens. La presse, qu’elle soit en ligne ou en version papier, n’est consommée quotidiennement que par seulement 34 % des Français.
Si les chiffres d’audience, de lectorat et de clics permettent de comparer des volumes et des taux de pénétration, et donc de saisir l’attractivité et l’influence de certains médias ou titres, ils ne révèlent pas comment ces médias se complètent et se combinent pour former ce que les chercheurs appellent les « régimes informationnels » propres à chaque individu, c’est-à-dire la façon dont chacun s’informe.
Mesurer la « part d’attention »
Toujours d’après l’Arcom, les Français consultent en moyenne neuf sources d’information, ce qui témoigne d’une certaine pluralité des contenus auxquels ils sont exposés. Cependant, cette hétérogénéité reflète une diversité de rapports à l’information. Par exemple, 13 % des répondants à l’étude ne consultent régulièrement qu’une ou deux sources, un nombre restreint qui peut mener à une forme d’isolement informationnel. Par ailleurs, le nombre de sources consultées augmente avec la confiance générale dans les médias. On retrouve davantage les plus jeunes et les habitants de zones rurales parmi ceux qui consomment moins de trois sources d’information, tandis que les « hyperinformés » sont souvent issus de milieux favorisés et vivent en milieu urbain.
Pour mieux saisir la diversité des régimes informationnels, certains économistes utilisent une mesure appelée la « part d’attention ». Cette approche, développée par l’économiste américain Andrea Prat, permet d’estimer ce qu’un individu consacre à chaque source et, ainsi, de calculer son poids relatif dans son régime informationnel (« Media power », Journal of Political Economy, 2018). Par exemple, si une personne consulte trois sources d’information, la part d’attention attribuée à chacune sera d’un tiers. La puissance d’une source peut alors être évaluée en calculant la moyenne de l’attention qu’elle reçoit de ses consommateurs.
Il vous reste 46.64% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.