En France, 603 transporteurs sont au bord de la faillite en 2024.
Un chiffre qui a presque doublé en deux ans.
Coûts d’entretien en hausse, concurrence des transporteurs d’Europe de l’Est… face à toutes ces conséquences, les transporteurs réclament de nouvelles aides de l’État.
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Le 20H
Le secteur du transport routier affronte une vague inédite de faillites d’entreprises, liée au ralentissement de l’économie, selon l’Union des entreprises de transport et de logistique de France (Union TLF). L’Union « tire la sonnette d’alarme » car « les trésoreries des transporteurs se sont tendues et les défaillances du secteur sont désormais historiquement élevées ». Elle pointe du doigt une conjoncture sectorielle particulièrement dégradée, faute de demande, et des coûts d’exploitation qui augmentent toujours fortement.
Sollicité dans le sujet de TF1, Christophe, qui dirige une entreprise de transport, a dû reprendre le volant en plus d’assurer ses obligations de patron. Un sacrifice obligatoire pour sauver son entreprise : « Il n’y avait pas le choix », soupire-t-il. Face à la concurrence des transporteurs d’Europe de l’Est, moins chers que lui, Christophe a dû licencier deux de ses cinq conducteurs. Il a aussi décidé de vendre une partie de son entrepôt en France : « La vente de ce bâtiment est ce qui nous a sauvé la vie. Ce qui nous a permis d’honorer nos dettes et pouvoir continuer de refaire un peu de trésorerie en France. »
Au total, 603 entreprises de transports de marchandises ont fait l’objet d’une procédure collective au 2ᵉ trimestre 2024, soit une hausse de 45% sur un an et de 73% sur deux ans, selon la société Ellisphere et le magazine L’Officiel des Transporteurs. Un chiffre qui a presque doublé en deux ans.
Coûts de production, inflation, concurrence…
Également sollicité dans le sujet en tête de cet article, Gregory, lui, emploie 20 conducteurs près de Lyon. Pour la première fois en dix ans, il vit une période compliquée. Les coûts d’entretien ont fortement augmenté : « Tout augmente. Le pneu, c’est du caoutchouc, c’est de l’entretien. Chaque fois que vous avez à changer un pneu, il a pris entre 15 et 20 % d’augmentation suivant les pneus. Aujourd’hui, pour changer un marchepied, vous en avez pour 1 000 euros » contre 800 euros l’année dernière. Et dans son entrepôt, se trouvent des rayons clairsemés. Les commandes ont diminué de 15 % en un an : « Quand vous voyez tous ces espaces vides, l’inflation a fait que les gens commandent moins, consomment moins, dépensent moins. Pour nous, c’est perte de chiffre d’affaires. »
Les coûts de production des transporteurs restent en forte progression : +5,4% sur un an en juillet 2024, hors gazole, selon le Comité National Routier. À cela s’ajoutent des crises régulières qui frappent durement le secteur : mouvements des retraites, crise des agriculteurs, intempéries, blocages des ports. Les transporteurs font, par ailleurs, face à une main d’œuvre, elle aussi, plus chère. La récente pénurie de conducteurs les a poussés à recruter des profils plus jeunes, comme l’explique à TF1 Mélanie Legat : « Parmi les enjeux autour de cette population, il y a bien évidemment à la formation de ces jeunes. Le métier du transport routier de marchandises est très spécifique, donc les coûts de formation sont relativement importants. Et effectivement, assurer un plus jeune qui démarre dans le métier va faire augmenter le coût de l’assurance. »
Pour se relancer, les transporteurs réclament de nouvelles aides de l’État. L’Union TLF demande à ce que le projet de loi de finances intègre une baisse de la fiscalité pour les entreprises de transport, une suppression du bonus-malus de l’assurance-chômage, et le maintien du soutien public au verdissement des flottes de camions.