lundi, juillet 1

Le recul est notable, mais très contrasté : entre 2022 et 2023, la consommation totale de viande par habitant s’est repliée de 1,7 % en moyenne en France (– 5,8 % en vingt ans), selon les données du service statistique du ministère de l’agriculture, publiées jeudi 27 juin. Après deux années de hausse consécutive de la consommation en 2021 et 2022, qui s’expliquaient notamment par la reprise économique post-Covid-19, ce fléchissement tient en grande partie à la forte inflation, notamment des prix de la viande (+ 7,8 % pour le bœuf en 2023).

Lire l’analyse : Article réservé à nos abonnés Pourquoi la consommation de viande ne baisse plus en France depuis dix ans

Mais il faut rentrer dans le détail des données par filières pour comprendre ces évolutions. Si la consommation de viandes bovine et porcine recule de 3,7 % en un an, la consommation de viande de poulet augmente dans les mêmes proportions (+ 3,7 %). En vingt ans, la consommation moyenne de poulet a quasiment doublé, passant de 12,1 kilogrammes équivalent carcasse (kgec) en 2003 à 23,3 kgec par habitant en 2023. Dans le même intervalle, celle de bœuf a baissé de 19 %, passant de 26,3 à 21,3 kgec. Nettement moins onéreux, bénéficiant d’une image plus « saine », le poulet se substitue ainsi peu à peu au bœuf dans l’assiette des Français.

Ces données proviennent des bilans d’approvisionnement calculés par le ministère à partir des chiffres des carcasses animales disponibles pour la consommation humaine après abattage. Sont ensuite déduites les viandes exportées, et ajoutées les importations. Ces bilans ne mesurent donc pas directement la viande consommée par la population, mais la quantité à disposition, incluant aussi le poids des os et graisses qui ne sont pas mangés. Mais contrairement aux enquêtes de consommation, qui reposent sur des panels d’individus avec des biais statistiques possibles et des difficultés à être exhaustifs sur toute l’alimentation, les bilans d’approvisionnement en équivalent carcasse permettent une évaluation plus complète.

Crainte d’un décrochage des élevages français

Les statistiques du ministère montrent par ailleurs un repli des importations de viande (– 1,4 %), même si elles restent à un niveau très élevé : près d’un tiers de la viande consommée en France est importée, une part qui grimpe à 50 % pour le poulet. Ce déséquilibre entre la production nationale et les assiettes des Français nourrit ainsi les craintes d’un décrochage des élevages face à la concurrence étrangère. Ces dernières années, les cheptels français ont vu leur taille diminuer (– 11 % de 2016 à 2022 pour les vaches productrices de viande), une décapitalisation le plus souvent forcée, en raison des difficultés économiques du secteur.

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