Insultes, violences, mise à l’écart, enquête à charge… Lundi 29 janvier, le conseil de prud’hommes de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) a requalifié « sans cause réelle et sérieuse » le licenciement d’un salarié de Tesla, victime de harcèlement managérial.
L’entreprise américaine, qui affirme avoir créé 127 000 emplois en une décennie dans le monde, compte une vingtaine de concessions en France et un peu moins de 500 salariés. Le site de Chambourcy est l’un des plus importants.
Embauché en 2019 pour assurer le développement commercial de la firme dans le nord-ouest de la France, Jason Lambert est vite confronté à une grosse pression, et des « semaines de 70 à 80 heures de travail, car la direction américaine fixait de gros objectifs de ventes de voiture ». Si certaines heures supplémentaires lui sont payées, c’est au détriment de la qualification de son poste : comme lui, un certain nombre de commerciaux apparaissent comme « hôtes d’accueil » sur leurs fiches de paie.
L’inspection du travail alertée, les salariés du site obtiennent par la suite le passage au statut cadre au forfait-jour, ce qui n’améliore pas leur revenu car les heures supplémentaires disparaissent. « Tesla France, pour moi, ne respecte pas les règles du droit du travail français, ne serait-ce que pour le paiement des heures supplémentaires du salarié », commente Marlone Zard, avocat de M. Lambert.
Au fil des mois, les manifestations d’un management brutal apparaissent également. « On me traitait de chèvre, de cassos car j’habitais dans le 93, on me disait que j’étais nul, c’est un peu dans la culture de la boîte. Souvent sur le ton de la blague, alors j’en faisais aussi. » En janvier 2020, « alors que mon manageur discute de sport dans une surface de vente avec deux collègues, il en vient à montrer son biceps, me dit de le toucher… Je m’exécute, et il me met immédiatement un coup de poing dans les parties, en rigolant. Sur le coup, j’ai souri, j’étais gêné, et il m’a dit de ne pas en parler aux RH. »
La pandémie marque un tournant, pour le commercial et plusieurs de ses collègues, mis à l’écart. « Au début, mon manageur ne voulait pas qu’on rentre chez nous. On nous reprochait de ne pas harceler les clients pour qu’ils aillent chercher leur voiture », se souvient M. Lambert. Seule une partie de l’équipe de treize commerciaux est placée en chômage partiel. Plusieurs salariés ne comprennent pas cette mise à l’écart, et se font même proposer des ruptures conventionnelles. « Ils se sont rendus compte que le business tournait avec moins de personnes, que les clients pouvaient commander en ligne… »
Il vous reste 55% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.