Un total de trente-neuf membres d’ultradroite, dont une vingtaine de fichés S, ont été interpellés et placés en garde à vue samedi 10 février à Paris. Ces personnes étaient entendues pour « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations », a appris l’Agence France-Presse de source proche du dossier et auprès du parquet.
Elles ont été interpellées par des policiers de la BRAV-M vers 16 heures à la sortie du cimetière de Charonne, dans le 20e arrondissement de la capitale, où elles venaient de rendre hommage à l’écrivain d’extrême droite Robert Brasillach, condamné à mort et fusillé à la Libération pour des faits de collaboration, ont précisé ces sources.
Parmi eux figurent des personnalités connues de la mouvance d’ultradroite, dont l’ancien chef du groupuscule dissous les Zouaves, Marc de Cacqueray-Valmenier, ou Gabriel Loustau, une figure du Gud.
Au moins deux d’entre eux étaient munis de béquilles, pouvant être considérées comme des armes par destination, a expliqué la source proche du dossier. Certains avaient pour interdiction de se rendre à Paris, a précisé la même source. Avant d’être interpellés, ces militants avaient aussi été vus à proximité d’une manifestation syndicale contre l’extrême droite qui se déroulait dans la capitale, place de la République, a-t-elle ajouté.
Plusieurs groupuscules dissous ces derniers mois
Marc de Caqueray-Valmenier, 24 ans, est actuellement mis en examen et placé sous contrôle judiciaire dans l’affaire de l’agression de militants de SOS Racisme lors d’un meeting d’Eric Zemmour, président du mouvement d’extrême droite Reconquête, en décembre 2021. Sur son compte Instagram, il s’est vanté d’être allé combattre à l’automne 2020 au Haut-Karabakh aux côtés des Arméniens chrétiens contre les Azerbaïdjanais musulmans.
En novembre 2023, treize personnes, dont sept fichées S d’ultradroite, avaient déjà été interpellées à Paris pour des tags de croix gammées au sol dans le 18e arrondissement de la capitale. Deux d’entre elles avaient été mises en examen pour apologie publique de crime ou délit, six autres pour refus de remettre aux autorités judiciaires le code de leur téléphone portable.
Plusieurs groupuscules d’ultradroite ont été dissous ces derniers mois par le gouvernement. Dernier en date, l’association d’ultradroite lilloise La Citadelle, qui s’était vu interdire l’organisation d’une soirée intitulée « Qu’ils retournent en Afrique » en février 2023, a été dissoute mercredi en conseil des ministres.
En décembre, un autre groupuscule, La Division Martel, avait été dissous après une manifestation aux allures d’expédition punitive à Romans-sur-Isère (Drôme), en réaction à la mort d’un jeune homme, Thomas, à Crépol.
L’ex-directeur général de la sécurité intérieure (DGSI), Nicolas Lerner, désormais à la tête de la DGSE, avait alerté, dans Le Monde en juillet dernier, sur « la résurgence très préoccupante » des actions violentes de l’ultradroite depuis le printemps 2023. Depuis 2017, dix projets d’attentats inspirés par la mouvance d’ultra-droite ont été déjoués, selon les autorités.