De nombreux jeunes agriculteurs sont présents dans les manifestations.
D’autres qui ne sont pas dans le cortège sont solidaires du mouvement.
Ils ne réclament pas seulement de meilleurs revenus, mais expriment un malaise bien plus profond.
Le Premier ministre Gabriel Attal doit annoncer vendredi de premières mesures à effet rapide pour répondre aux revendications des agriculteurs qui manifestent depuis une semaine et décideront s’ils continuent, ou non, à bloquer des routes du nord au sud de la France. Rencontrés dans de multiples lieux de France, les agriculteurs ont des revendications diverses, selon qu’ils sont éleveurs de volailles frappés par la grippe aviaire l’an dernier, viticulteurs dont les vins se vendent moins, cultivateurs bio aux légumes boudés par les Français, ou grands céréaliers. Parmi eux, des jeunes qui expriment un malaise profond. TF1 a voulu leur donner la parole.
Cet agriculteur a donné rendez-vous à l’équipe de TF1 dans la Vienne, dans son étable, entouré de ses 100 vaches limousines. Jean-Simon Vuzé, éleveur de 29 ans (photo ci-dessus), a dû reprendre l’activité de son père il y a trois ans qui s’est suicidé, épuisé par son métier d’agriculteur. « Mourir pour ce métier, je ne sais pas si ça vaut le coup », dit-il, dépité, dans la vidéo en tête de cet article.
Devant des dizaines de courriers (de la coopérative, des impôts, des fournisseurs), il lui arrive de se sentir abandonné, d’avoir la gorge serrée en décachetant les enveloppes. L’un des courriers du jour réclame la somme de 1694 euros, à payer dans un délai d’un mois, pour des sommes trop perçues de 2015-2016. « On n’est pas compris du tout, on crache à moitié sur notre travail », dit-il. « On fait tout dans les règles et huit ans après, on revient sur ces choses. S’accrocher à quoi ? Je ne sais pas, mais il faut s’accrocher »
À Saint-Quentin, dans l’Aisne, de jeunes agriculteurs participent à un blocage. Parmi eux, Émilien Baudry, céréalier de 28 ans (photo ci-dessus). Les bons mois, il gagne 1400 euros ; les mauvais, rien : « Je travaille ailleurs, comme chauffeur routier et dans les ETA agricoles pour travailler et faire des heures en plus, car l’exploitation ne suffit pas », dit-il.
Un peu plus loin, l’équipe de TF1 a rencontré Marie Gautier, 38 ans, productrice de pommes de terre (photo ci-dessus). Il y a encore quatre ans, elle travaillait dans un bureau parisien, dans le conseil. Selon elle, une situation paradoxale : son nouvel emploi est plus utile à la société, mais moins reconnu par celle-ci. « On ne nous parle pas comme à des chefs d’entreprise et c’est ce qu’on est », déclare-t-elle dans le sujet ci-dessus. « Il y a un vrai déclassement social, il n’y a pas une vraie reconnaissance de l’exploitant agricole ». Beaucoup de jeunes agriculteurs rencontrés dans le sujet nous décrivent des dettes importantes, mais aussi une passion pour le métier. Et c’est parfois la dernière chose qui les fait tenir.