Amazon France Logistique (AFL) a été condamné mardi à une amende de 32 millions d’euros par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
En cause, son « son système de surveillance de l’activité et des performances des salariés excessivement intrusif ».
32 millions d’euros. C’est le montant de l’amende dont a écopé Amazon France Logistique (AFL) pour « son système de surveillance de l’activité et des performances des salariés excessivement intrusif », selon la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
Dans le viseur de la Cnil ? Le recueil de données que fait la filiale du géant américain de la distribution en ligne, via des scanners qu’utilisent les employés des entrepôts pour traiter les colis. Cela constitue un « système de suivi de l’activité et des performances excessif ». Ces scanners enregistrent les temps d’inactivité supérieurs à dix minutes ou le rythme de traitement des colis « à la seconde près », relève la Cnil.
Une « pression continue » sur les salariés
Trois indicateurs enregistrés par les scanners et transmis aux managers ont particulièrement ému l’organisme de contrôle. Le « stow machine gun » qui note lorsqu’un article est scanné « trop rapidement », en moins de 1,25 seconde, et l' »idle time » qui signale une période d’inactivité d’un scanner pendant plus de dix minutes. Un autre indicateur mesure le temps écoulé « entre le moment où l’employé a badgé à l’entrée du site » et celui où il a scanné son premier colis, a encore expliqué la Commission. L’instance estime que ce système conduit les salariés à justifier toute interruption, même « de trois ou quatre minutes », de l’activité de son scanner, faisant ainsi « peser sur eux une pression continue ».
Plusieurs milliers de salariés sont concernés par ces indicateurs, note la Cnil qui a ouvert une procédure en 2019 à la suite d’articles de presse et de plaintes de salariés. La Cnil a également épinglé AFL pour n’avoir pas suffisamment informé ses employés sur son système de vidéosurveillance. Elle a indiqué à l’AFP « se réserver la possibilité de faire de nouveaux contrôles ». Pour l’heure, l’amende infligée correspond à environ 3% du chiffre d’affaires de l’entreprise française. Une sanction « quasiment sans précédent sur le pourcentage du chiffre d’affaires », a-t-elle souligné auprès de l’AFP, le maximum encouru étant de 4%.
Le groupe, qui dispose de deux mois pour formuler un recours devant le Conseil d’État, a d’ores et déjà critiqué cette décision. « Nous sommes en profond désaccord avec les conclusions de la Cnil qui sont factuellement incorrectes et nous nous réservons le droit de faire appel », a réagi un porte-parole d’Amazon par communiqué.