Il n’a pas laissé transparaître sa déception. Dans une visioconférence, Luca de Meo, le directeur général de Renault, a annoncé, lundi 29 janvier, qu’il renonçait à introduire en Bourse sa filiale Ampere, consacrée au véhicule électrique. Celle-ci aurait dû être présentée aux analystes financiers en mars, après les résultats annuels du groupe, lesquels seront publiés le 15 février.
« Renault Group considère que les conditions de marché actuelles ne sont pas réunies pour poursuivre le processus d’introduction en Bourse et servir au mieux les intérêts de Renault Group, ses actionnaires et Ampere », avait indiqué, un peu plus tôt, le constructeur dans un communiqué. Son patron espérait une valorisation proche de 10 milliards d’euros (la valeur actuelle totale de Renault) pour cette filiale, alors que les analystes d’UBS, par exemple, fixaient plutôt une valeur entre 3 milliards et 4 milliards d’euros. Un écart qui ne s’est pas suffisamment resserré ces dernières semaines. D’où l’« annulation » de cette opération.
C’est un revers pour la stratégie de transformation radicale poussée par M. de Meo. La mise en Bourse d’Ampere l’aurait rendue irréversible. Le marché s’est dérobé sous les pieds de Renault à deux niveaux. Financier, d’abord. Les investisseurs ont peu d’appétit pour les introductions en Bourse en ce moment et encore moins pour les actions des sociétés automobiles. Commercial, ensuite : les ventes de voitures électriques marquent le pas. Les immatriculations en 2023 ont été vigoureuses, mais les prises de commandes ralentissent face aux incertitudes sur la technologie et à la restriction des subventions dans certains Etats. Les acheteurs attendent aussi les baisses de prix des constructeurs.
« Une bonne nouvelle »
« Bien sûr qu’il aurait été intéressant de faire cette opération », a reconnu Luca de Meo, qui a multiplié les rencontres avec les fonds d’investissement. Mais il se console : « Nous avons l’argent pour faire avancer le projet en l’état sans avoir à faire appel au marché. Je pense que c’est aussi une bonne nouvelle. Cela veut dire que la machine derrière fonctionne et génère suffisamment de cash. »
Il a rappelé que, lorsque, en janvier 2021, il avait annoncé le plan « Renaulution » de réorganisation de Renault avec une filiale dévolue aux moteurs thermiques et une autre à l’électrique, le groupe n’était pas certain de pouvoir développer le tout électrique seul. Maintenant, il émet les mêmes réserves pour permettre à Ampere de « brûler du cash » avant d’en gagner, pendant dix-huit mois.
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