Titres-restaurant, chèque culture, bons cadeaux : le secteur des titres prépayés apparaît comme le grand gagnant des dernières crises. L’inflation ? « Partout dans le monde, les entreprises utilisent nos solutions prépayées et exonérées pour soutenir le pouvoir d’achat de leurs salariés », souligne Julien Anglade, directeur général du groupe coopératif Up, promoteur de Up Déjeuner (ex-Chèque Déjeuner).
La hausse des taux ? Elle augmente les recettes financières des Edenred (propriétaire du Ticket Restaurant) et consorts qui encaissent l’argent des titres, bien avant qu’il ne soit dépensé. Pas étonnant si Sodexo a choisi de donner son indépendance, jeudi 1er février, à Pluxee, son ex-filiale spécialisée dans les avantages aux salariés.
Derrière ce tableau en rose, cependant, les menaces se précisent pour les émetteurs de titres-restaurant, le produit-phare dont bénéficient 5,2 millions de salariés en France. Un marché né dans les années 1960, subventionné à hauteur de 1,5 milliard d’euros par an par les pouvois publics, à travers des exonérations fiscales, qui reste très resserré : selon l’Autorité de la concurrence, Edenred, Pluxee, Groupe Up et Natixis-Swile affichaient une part de marché cumulée supérieure à 99 % en 2022…
Multiplication des contentieux
Première menace pour l’oligopole, la multiplication des contentieux. « La bataille est lancée et elle va être intense », promet Olivier Fréget, fondateur du cabinet d’avocats Fréget Glaser et Associés. Le spécialiste du droit de la concurrence conseille le fonds TransAtlantis qui vise à engager dès avril, auprès du tribunal de commerce, une action en dommages et intérêt au nom des restaurateurs contre les quatre émetteurs historiques de titres-restaurant, afin de leur réclamer plusieurs centaines de millions d’euros. La jeune pousse Resto Flash (ex-Octoplus) entend également demander réparation. « Désormais, ce sont nos concurrents du cartel qui vont financer notre développement », assure son fondateur, Emmanuel Rodriguez-Maroto.
C’est lui qui, en 2015, avait porté plainte devant l’Autorité de la concurrence, accusant ses concurrents de verrouiller le marché. Condamnés pour « pratiques anticoncurrentielles » en décembre 2019, les quatre émetteurs visés avaient interjeté appel mais, le 16 novembre 2023, la cour d’appel a confirmé les sanctions du gendarme de la concurrence, avec près de 400 millions d’euros d’amende à la clé. Natixis – qui, depuis, s’est rapproché de Swile –, Edenred et Pluxee contestent ces décisions et se sont pourvus en cassation.
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