Depuis le 24 février 2022, de nombreux Ukrainiens sont arrivés en France. Deux ans après le début de la guerre, ils sont encore 85 000 sur le territoire, dont 15 000 enfants, indique Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Les services de l’Etat ne connaissent pas les conditions d’hébergement de la plupart d’entre eux, mais quelques milliers ont pu bénéficier d’un « hébergement citoyen accompagné par l’Etat ».
L’antenne française du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) s’est intéressée à cette solution, dans un rapport paru le 15 février 2024. En février, ils étaient 10 000 à bénéficier de ce dispositif, selon la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal).
Ce mode d’accueil, à différencier de l’hébergement citoyen « spontané », est encadré par l’Etat avec le concours d’associations référentes comme le Service jésuite des réfugiés, ou Singa. « Une pratique qui existait déjà mais qui ne concernait que 300 personnes par an, détaille Paolo Artini, représentant du HCR. La situation des réfugiés ukrainiens permet de dresser un bilan de ce dispositif à plus grande échelle. » Dès mars 2022, l’Etat s’est mis en ordre de marche : une plate-forme de parrainage a été lancée où plus de 40 000 offres ont été postées. En parallèle, la cellule interministérielle de crise et la Dihal en ont donné le cadre et les lignes directrices.
Rupture d’égalité
Début octobre 2022, une aide financière pour les hébergeurs a été annoncée : 150 euros par mois, sous réserve d’avoir accueilli les réfugiés ukrainiens pendant au moins trois mois. « Il s’agissait de la première fois que l’Etat prévoyait de les indemniser », précise M. Artini. Un dispositif qu’avaient dénoncé certaines associations de défense des migrants, rappelant la rupture d’égalité avec les autres nationalités.
Dans son étude, le HCR avance plusieurs constats : la nécessité d’un accompagnement des hébergeurs (financier, social…), la définition d’une durée précise et une prise en charge qui s’adapte aux spécificités des territoires. Dans la région de Nice, qui détient un parc de logements secondaires développé, il y a eu un « bon appariement entre les demandes et les besoins des familles » qui ont pu bénéficier d’un logement autonome, souligne le rapport.
Tout en rappelant la spécificité du contexte et la mobilisation « exceptionnelle » des acteurs (Etat, associations, citoyens…), l’organisation souhaite « systématiser ce dispositif aux autres nationalités ». « On aimerait que l’hébergement citoyen ait une place centrale dans la construction de la politique publique d’accueil des personnes en migration », affirme le responsable du HCR France.