Haropa Port, l’établissement public gérant le premier ensemble portuaire français (Le Havre, Rouen et Paris) depuis 2021, n’échappe pas au ralentissement des échanges commerciaux et à la guerre en Ukraine qui frappent tous les grands ports européens. Après ceux de Marseille-Fos (− 7 %), les résultats 2023, publiés lundi 29 janvier, affichent un recul de 4,5 % du trafic (conteneurs, hydrocarbures, céréales, vrac solide…), à 102 millions de tonnes, après une année 2022 marquée par la reprise post-Covid-19.
« Globalement, Haropa n’a pas trop mal résisté. Nous avons maintenu notre part de marché », nuance Stéphane Raison, président du directoire d’Haropa Port, dans un entretien au Monde. L’année commence par une lourde incertitude : les retombées de la crise en mer Rouge, qui oblige les armateurs à éviter le canal de Suez et à passer par le cap de Bonne-Espérance, allongeant la durée du voyage depuis l’Asie et l’Europe. Elle va désorganiser l’activité de nombreux ports durant des semaines, voire des mois, en cas de prolongation.
Les grèves du premier trimestre 2023 contre la réforme des retraites ont détourné du trafic vers des ports au climat social plus calme, amplifiant la baisse conjoncturelle de l’activité au Havre, qui pèse 75 % de l’activité d’Haropa. Le port normand a traité 2,63 millions de conteneurs, loin du record de 3,1 millions enregistré un an plus tôt. « On a perdu 100 escales de navires et 200 000 conteneurs en raison des grèves », note M. Raison.
Spectre du déclassement
Les céréales, exportées de Rouen, reculent de 14 %, après une excellente année 2022. Le vrac solide, surtout constitué des matériaux du BTP, perd 11 %. En revanche, les deux raffineries de l’axe Seine et la plate-forme flottante de regazéification de TotalEnergies au Havre ont soutenu l’activité du vrac liquide (+ 5 %). En outre, les croisières se portent bien (+ 9 %).
Car, sur les quais du Havre, où le spectre du déclassement plane toujours, on se bat pour ne pas décrocher par rapport à Anvers-Bruges (Belgique) et Rotterdam (Pays-Bas), les géants du « range nord-européen », qui traitent cinq fois plus de conteneurs, alors que quatre « boîtes » sur dix à destination ou en provenance de France transitent encore par des ports étrangers.
M. Raison se félicite que l’armateur italo-suisse MSC ait porté à 1 milliard d’euros son investissement dans un nouveau terminal de porte-conteneurs annoncé en 2022. Après l’allongement des quais assuré par Haropa Port, le numéro un mondial a commandé neuf gigaportiques et aménage les terre-pleins pour réceptionner en 2025 des navires transportant 24 000 « EVP » (conteneurs équivalents 20 pieds, l’unité de mesure des armateurs) .
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