Plusieurs centaines de militants écologistes d’Exctintion Rebellion et du collectif Youth for Climate sont entrées de force, samedi 3 mars après-midi, sur le site de l’usine du chimiste Arkema à Pierre-Bénite (Rhône), pour dénoncer la pollution aux perfluorés (PFAS) – aussi appelés « polluants éternels » –, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) sur place.
Plus de 300 personnes ont participé à cette action coup de poing, selon le porte-parole des organisateurs. Certaines sont arrivées en train, d’autres en bus. A l’issue de cette action, la préfecture du Rhône, qui a, elle, comptabilisé 150 manifestants, a signalé huit interpellations.
Revêtus de combinaisons blanches, les militants ont sectionné les grillages d’entrée du site pour s’y introduire. Ils ont ensuite déployé deux banderoles à l’intérieur de la plate-forme. Sur l’une d’elles, on pouvait lire le mot « poison » surmonté d’une tête de mort, tandis que sur les murs ont été taguées les inscriptions « PFAS dites la vérité ! », « Arkemagouilles » ou encore « Arkema nous empoisonne ».
« Nous condamnons un tel acte, qui non seulement perturbe fortement l’outil de travail de plus de 500 salariés, mais peut également faire courir des dangers aux salariés et aux manifestants, en raison de l’activité industrielle du site, qui est classé Seveso », a déclaré dans un communiqué Pierre Clousier, directeur du site.
Niveaux de concentration « alarmants »
Après la diffusion de plusieurs enquêtes journalistiques en 2022, les autorités régionales avaient lancé des contrôles, notamment de l’agence régionale de santé (ARS), qui avait mis en ligne à la mi-janvier le résultat d’une analyse sur les eaux de consommation.
Ces derniers mois, plusieurs collectivités et des particuliers ont lancé des plaintes collectives pour « mise en danger de la vie d’autrui » en s’inquiétant de « concentrations alarmantes » de PFAS liés à des sites industriels dans la vallée de la chimie, située dans le Rhône au sud de Lyon, où se trouve le site d’Arkema.
Cette action survient alors que le chimiste Daikin, également basé à Pierre-Bénite, a reçu l’autorisation de construire une nouvelle unité de production, suscitant la colère des habitants.
Les PFAS, composés poly- et perfluoroalkylés (une famille regroupant plus de 4 700 molécules), sont dotés de propriétés antiadhésives et imperméables et sont massivement présents dans la vie courante : poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles imperméables, automobiles…
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« Chaleur humaine »
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Quasi indestructibles, ils s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture, et jusque dans le corps humain, d’où leur surnom de polluants « éternels ». En cas d’exposition sur une longue période, ils peuvent avoir des effets sur la fertilité ou favoriser certains cancers, selon de premières études.
Arkema précise samedi dans ce communiqué que son site de Pierre-Bénite sera en mesure de fabriquer ses produits sans aucun recours à des additifs fluorés d’ici à la fin de 2024.