Sa filmographie est un bric-à-brac (comédies musicales, thrillers, films politiques, comédies romantiques…) peuplé par le Who’s Who du cinéma de la seconde moitié du XXe siècle, de Tony Curtis et Steve McQueen à Denzel Washington et Gérard Depardieu. Il faut fouiller dans l’œuvre de Norman Jewison pour en extraire quelques joyaux, parmi lesquels Dans la chaleur de la nuit (1967) – film essentiel dans l’histoire de la représentation des Afro-Américains, même si son réalisateur était canadien – ou Eclair de lune (1987), comédie romantique baroque devenue un classique du genre. Norman Jewison est mort le 20 janvier, à Los Angeles. Il avait 97 ans.
Norman Jewison est né le 21 juillet 1926 à Toronto, dans l’Ontario, d’un couple de commerçants. Il a raconté que son patronyme lui valut des railleries antisémites, alors qu’il venait d’une famille protestante. Après avoir servi dans la marine canadienne durant la seconde guerre mondiale et obtenu un diplôme de l’université de Toronto, il est embauché à la Canadian Broadcasting Corporation à la création de cette dernière, en 1952. A la fin de la décennie, il part pour New York où il travaille pour le réseau CBS, réalisant des émissions spéciales autour de vedettes comme Harry Belafonte ou Judy Garland.
C’est sur le plateau de l’une d’elles que Tony Curtis le convainc de partir pour Hollywood, où il réalisera des comédies pour la société de production qu’a fondée l’acteur. Des ennuis à la pelle (1962), avec Curtis, ou Le Piment de la vie (1963) avec Doris Day passent sans laisser de trace. Fin 1964, Jewison trouve l’occasion de diriger son premier projet dramatique, avec, pour vedette l’un des jeunes acteurs les plus en vue d’Hollywood, Steve McQueen. Peinture d’un Las Vegas aujourd’hui disparu, centrée sur un personnage de joueur professionnel, Le Kid de Cincinnati, sorti en 1965, confirme le statut de sa star et permet au réalisateur d’accéder à la « A List », qui regroupe les réalisateurs à qui l’on confie des productions d’importance.
Thriller hypertendu
Son projet suivant, Les Russes arrivent (1966), est une comédie qui moque les peurs de la guerre froide. Cette année-là, il s’empare d’un scénario de Stirling Silliphant, adapté d’un roman de John Ball, qui raconte l’irruption de Virgil Tibbs (Sidney Poitier), un policier afro-américain, dans une petite ville du Mississippi, où il est chargé d’enquêter sur un meurtre au côté d’un policier raciste (Rod Steiger). Un an après la féroce répression des marches de Selma emmenées par le pasteur Martin Luther King, Dans la chaleur de la nuit est tourné pour l’essentiel dans l’Illinois et, lorsque Jewison et sont équipe partent pour le Tennessee pour quelques séquences, ils peinent à trouver un hôtel qui accepte Poitier, alors l’acteur le plus célèbre des Etats-Unis.
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