Janvier, le mois des vœux pour Marine Le Pen, et rien que des vœux. Deux semaines après avoir assisté à ceux de Jordan Bardella, la cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) est réapparue pour délivrer les siens aux journalistes, jeudi 25 janvier, à Paris. Discrète depuis l’embrasement de la colère des agriculteurs, l’ancienne candidate à la présidentielle en a profité pour analyser les ressorts d’une « crise qui démarre et qui peut être longue, et violente, et brutale ».
Pas plus qu’en 2018, au début du mouvement des « gilets jaunes », Marine Le Pen n’ose prédire l’ampleur d’une mobilisation qui, selon elle, pourrait vite essaimer dans la « France des oubliés ». Mais, contrairement à l’époque, la petite-fille de marin-pêcheur (comme elle se présente) préfère ne pas tergiverser, ni hésiter à manifester un soutien susceptible d’être assimilé à de la « récupération politique ».
La gronde des agriculteurs offre au RN et à sa représentante une occasion trop précieuse de défendre – et de séduire – une « base » populaire victime des choix d’une « élite » mondialiste, partisane de l’« effacement » des peuples. Les adversaires de la « base agricole » ne se trouveraient cette fois pas seulement au gouvernement ou à la tête de l’Union européenne, mais aussi parmi les représentants du secteur.
Marine Le Pen a directement accusé le principal syndicat agricole, la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), d’avoir produit la « goutte d’eau » à l’origine de l’actuelle crise : la négociation avec l’exécutif d’un « accord bidon » censé compenser la suppression d’une niche fiscale sur le gazole non routier. « La FNSEA est déjà dépassée. Je pense que ça fait bien longtemps que les agriculteurs ne peuvent plus compter sur leurs syndicats », a-t-elle insisté, avant de distinguer la centrale majoritaire de la Coordination rurale et des jeunes agriculteurs, qui, eux, « alertent sur les conséquences de l’Union européenne et qui refusent les compensations bidon proposées par le gouvernement ».
« Il y a le feu qui couve »
Plus qu’une simple prise de distance avec une organisation qui a toujours fait publiquement barrage à l’accession au pouvoir de l’extrême droite, Marine Le Pen et ses proches assimilent ses dirigeants à la Macronie, coupables d’avoir « accablé le monde agricole de charges, de normes, de fiscalités, d’injustices ».
« M. Macron et les forces qui l’ont amené au pouvoir ne sont pas comme nous des populistes, ils ne croient pas à la démocratie directe, a développé, mercredi 24 janvier, le député de la Somme Jean-Philippe Tanguy (RN), devant la presse parlementaire. Ils croient aux corps intermédiaires. Sauf que ces corps intermédiaires peuvent être un pare-feu, un paravent de la réalité. Dans le monde agricole, c’est ce qu’il se passe : tout le monde se réunit, trouve ça formidable (…). Mais, derrière, il y a le feu qui couve. » L’élu de la Somme remet en cause la probité du président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, qu’il juge « très proche de l’agro-industrie » : « On se demande encore si c’est un agriculteur, en permanence dans une forme de conflit d’intérêts ».
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